Projet de rénovation du refuge

Le refuge de la Lavey, situé dans le Haut-Vénéon, au cœur du parc national des Ecrins, va être rénové. Ce projet contribuera à reconstruire l'attractivité de ce territoire, fortement impacté par le changement climatique en montagne.

Le refuge de la Lavey, situé en Oisans, à l'entrée du vallon de la Muande, va être rénové. Il sera fermé au public à partir du milieu du mois juillet 2025. Sa réouverture est prévue pour 2027.

Un des premiers refuges acquis par le Club alpin

En 1879, le Club alpin français achète un chalet d'alpage dans le vallon de la Muande, à 1797 mètres d'altitude, afin de le transformer en refuge pour l'exploration des premiers alpinistes. Il se trouve dans un ancien hameau d'alpage, qui, aujourd'hui, comprend toujours une cabane de berger et des cabanes communales.

Le refuge de la Lavey aujourd'hui © B. Bodin - Collection FFCAM Le refuge de la Lavey aujourd'hui © B. Bodin - Collection FFCAM

Au fil du temps, l'ensemble architectural du refuge a été modifié pour s'adapter à l'évolution des besoins d'accueil : plusieurs volumes ont successivement été greffés au bâtiment d'origine, altérant son unité. Aujourd'hui, le refuge se compose donc de cinq volumes principaux : 

  • le volume historique de référence, en maçonnerie de pierre traditionnelle,
  • l'appentis cuisine historique, situé à l'Est du volume principal,
  • l'extension de 1968, qui représente aujourd'hui le volume principal au Nord, avec un mono-pan de toiture vers le Nord,
  • l'appentis local technique et stockage gaz accolé à l'Est réalisé peu après,
  • les annexes non accolées, à l'emplacement d'anciennes constructions remaniées pour stocker des réserves, du matériel, les déchets et le groupe électrogène. 

Outre l'aspect disgracieux de ces agrandissements successifs, l'état du refuge dans son ensemble est préoccupant et nécessite une réhabilitation complète : absence d'espace de protection contre les incendies, infiltrations d'eau, conditions d'accueil et de vie des gardiens obsolètes, recours aux énergies fossiles, vétusté des réseaux humides et de l'assainissement en sont les principales problématiques. 

Un haut lieu de pratique de la montagne

Vue de la partie nord du refuge. Vue de la partie nord du refuge.

Situé dans le parc national des Écrins, au pied de la tête des Fétoules, à l'entrée des vallons qui débouchent sur les faces nord des Rouies et de l'Aiguille de l'Olan, la Lavey donne accès à de nombreuses activités de montagne de tous niveaux : randonnées à ski ou en raquettes l'hiver, à pieds l'été aux lacs des Bèches et de la Muande, au col de la Muande, escalade de blocs autour du refuge, escalade et alpinisme à la tête des Fétoules ou à l'arête des Papillons, ski alpinisme au couloir Maximin et sa pointe éponyme... 

Un outil pédagogique en devenir

Projection du projet Projection du projet

Une rénovation du refuge s'avère d'autant plus opportune que cet équipement de montagne revêt un fort potentiel pédagogique et touristique, dans une vallée où l'activité touristique a été fortement remise en cause par les récentes catastrophes climatiques. En juin 2024, un violent orage sur le vallon des Étançon a généré une crue torrentielle. La brusque vidange du glacier de Bonne Pierre vint grossir ce torrent et balayer le village de la Bérarde. 
Sa proximité du bassin grenoblois et sa facilité d'accès, à seulement 2h30 de marche et 400 mètres de dénivelés positifs, en font aussi un refuge idéal pour la découverte de la montagne. Du refuge, le panorama sur les sommets environnants, en particulier l'Olan, permet déjà une immersion dans le milieu montagnard. La Lavey constitue donc un lieu privilégié de découverte du milieu montagnard, notamment pour les publics jeunes et les nouveaux pratiquants. 


 

Un projet en concertation

Vu d'ensemble de la réhabilitation. Vu d'ensemble de la réhabilitation.

La construction du projet de rénovation a été défini en concertation avec l'ensemble des acteurs de ce territoire dès 2020 : les services de l'État (le Commissariat du massif des Alpes), l'agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), la région Auvergne Rhône-Alpes, la région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur, le département de l'Isère, la communauté de Communes de l'Oisans, la mairie de Saint-Christophe-en-Oisans, le parc national des Écrins, Isère Attractivité, les services de la DREAL, les architectes des bâtiments de France, la direction départementale des territoires, la compagnie des guides Oisans-Écrins, l'association départementale des accompagnateurs en montagne 38, l'office de tourisme, les gardiens du refuge de La Lavey et les bénévoles du Club alpin.
Le concours de maîtrise d'œuvre lancé en 2021 a permis de sélectionner quatre projets. C'est celui de l'Agence Atelier 17C qui a été choisi. Ces architectes avaient déjà travaillé sur les rénovations des refuges de Presset et de l'Aigle.

Afin de reconstituer l'unité architecturale et la logique fonctionnelle du refuge, l'ensemble se composera de deux bâtiments reliés par un module de plain-pied à toit plat. Le bâtiment côté Ouest comprendra l'espace gardien, celui côté Est, les dortoirs, les sanitaires et le vestiaire. La salle commune rattachera ses deux espaces. Elle sera vitrée sur sa façade sud pour une plus grande luminosité. 
L'ensemble des parties neuves, à savoir la salle commune et le bâtiment Est, sont construites en bois. Les murs historiques en pierres de l'espace gardien seront restaurés. L'isolation de ce bâtiment sera posée par l'intérieur, pour conserver la vue sur les pierres de ses façades.

 

Gestion de l'assainissement

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Les besoins en eau ont été minimisés par la mise à disposition de toilettes exclusivement sèches et l'absence de douches pour le public. Le refuge est actuellement alimenté par la source historique. Ce captage sera pérennisé et sécurisé. Ces toilettes sèches à séparation urines et solide seront utilisés pour l'ensemble des usagers (y compris les bergers) avec un local de stockage permettant le compostage sur trois saisons. Le projet prévoit une filière de traitement des eaux (lavabos, douche gardiens, eaux de cuisine post bac à graisses) et urines de type phytoépuration, implantée au Nord-Est du bâtiment. 
L'autonomie électrique est assurée par la mise en place de trois générateurs photovoltaïques, permettant d'assurer les besoins de fonctionnement du refuge en toute saison. Le parc batteries mis en place permettra d'assurer l'autonomie du bâtiment en énergie. Un groupe électrogène sera mis en place pour un usage strictement réservé au secours. 
La production d'eau chaude sanitaire du refuge est assurée par la mise en place de panneaux solaires thermiques sur le pan de toiture sud. Une chaudière à pellets est prévue en complément de ces apports solaires. Seuls le vestiaire/séchoir et une partie des espaces de vie des gardiens sont chauffés. Un poêle à bois est installé dans la salle commune. Le recours au gaz est désormais limité aux seuls besoins de cuisson. 

Le budget prévisionnel de l'opération est de 3,15 millions d'euros. Le permis de construire à été accepté en mars 2025. Les travaux seront réalisés sur deux saisons estivales entre 2025 et 2026.
Le refuge sera gardé jusqu'à la mi-juillet 2025 puis ne sera plus gardé jusqu'à la réception du nouveau bâtiment, entre fin 2026 et le printemps 2027.