Jean Malaurie, spécialiste du Grand Nord, est décédé

L'explorateur, ethnologue et géographe du Grand Nord, Jean Malaurie, est décédé à l'âge de 101 ans. La revue la Montagne et Alpinisme lui avait consacré un portrait en 2006.

Portrait de Jean Malaurie publié dans l'article que La Montagne et Alpinisme lui consacrait en 2006. Portrait de Jean Malaurie publié dans l'article que La Montagne et Alpinisme lui consacrait en 2006.

Curieux et libre. Ce sont les deux adjectifs qui viennent à l'esprit quand on retrace le parcours passionné de Jean Malaurie, décédé lundi 5 février à l'âge de 101 ans. « Quels que soient les risques encourus, il a su dire " non " », écrit à son sujet Fabrice Lardreau, qui l'avait rencontré en 2006 pour un portrait dans la revue La Montagne et Alpinisme. « Sa vie et ses travaux sont la résultante d'une opposition créative » résume-t-il. Étudiant en géographie, le jeune Malaurie se détournait déjà des cadres de travail donnés, qu'il trouvait trop « scolaires » et « descriptifs ». Lui veut être sur le terrain, étudier le phénomène de l'érosion en étant au plus près des pierres, de préférence celles du Grand Nord… Croisant le chemin de Paul-Émile Victor, et du Club alpin, il intègre une de ses expéditions en Arctique. Il étudie les éboulis de haute latitude, mais découvre aussi le peuple Groenlandais : « J'ai compris que les peuples premiers ne peuvent être isolés de leur rapport à leur environnement, c'est ce que j'appelle l'anthropo-géographie » confie-t-il à Fabrice Lardreau. 

Mi-autodidacte, mi-frondeur, il monte alors son propre projet de recherche et part à la rencontre du peuple de Thulé, dans le nord-ouest du Groenland. Cette expédition aux moyens rudimentaires l'amènera à vivre au plus près des Inuits. En 1951, c'est avec l'un d'eux qu'il rejoint le pôle Nord géomagnétique (qui n'est pas le pôle Nord géographique) en traineau à chiens, et devient le premier Européen à atteindre ce point. Le témoignage bouleversant, Les derniers rois de Thulé, qu'il écrira pour interpeller le grand public sur la fragilité des peuples inuits, deviendra une référence. Paru chez Plon, il est le premier de la collection Terre Humaine, que le chercheur dirigera.

La suite et les rebondissements de sa carrière sont racontés en détail par Fabrice Lardreau dans son article de la Montagne et Alpinisme, disponible sur le réseau de la Bibliothèque de France.