Stage Smith Rock aux Etats-Unis 2010

Du rêve à la réalité !

Sur la frise chronologique de l’histoire de l’escalade la falaise de Smith Rock située dans l’Oregon (USA), marque une page des réalisations de haut niveau. C’est ici que se trouve des voies parmi les plus marquantes des Etats-Unis. « Just Do It 8C » + et « To bolt Or Not To Be 8B+ » en font parties. Ce sont les premières dans ce niveau sur le sol Américain et toutes les deux ont connu leur première réalisation par un Français, JB Tribout.

Tout grimpeur en quête de réalisations exceptionnelle rêve d’y poser ses doigts un jour.

Compte rendu Smith Rock

TO BOLT OR NOT TO BE

SPANK THE MONKEY

WHITE WEDDING

VICIOUS FISH

THE BIG AIR

EAST FACE

SCARFACE

BAD MAN

JUST DO IT

 

Vendredi 15 octobre 2010, la coupe est pleine, on rentre à la maison après 15 jours de trip à Smith Rock.

Nous sommes arrivés le 2 octobre à Bend, charmante petite ville située à ¾ d’heure de Smith. C’est notre lieu de résidence durant notre séjour. Dans une grande maison en périphérie de la ville au N° 19560 de la Century Drive. En arrivant, nous constatons rapidement que l’endroit est  idyllique et paisible, c’est parfait.  

 

Le lendemain, direction Smith-Rock, le site historique des Etats-Unis. Ayant peu d’information, nous ne savons pas trop à quoi s’attendre. En fait, de Smith nous ne connaissons que des noms de voies qui ont marqué une page de l’histoire aux USA.

Le 3 octobre à midi, ça y est, nous y sommes, nous sommes à Smith-Rock, quelle chance. Du parking, nous dominons les principaux secteurs du site excepté la célèbre Monkey Face. Reste quelque marche à descendre,  traverser la rivière pour enfin pénétrer dans l’antre. 

Aujourd’hui, c’est dimanche, et à priori comme tous les dimanches les grimpeurs se bousculent à Smith.  Dans ce contexte auquel s’ajoute la fatigue, ce n’est pas le meilleur jour pour apprécier le lieu, plus tard peut-être. Cette journée aura toutefois  permis de prendre contact avec le rocher et de repérer les futurs projets.

 

Dès le lendemain, les choses sérieuses commencent, les grimpeurs s’attaquent à leurs projets respectifs, gardé enfouis jusque-là dans un coin de leur tête. Nous nous rendons vite compte que les cotations sur le papier ne veulent pas dire grand-chose. Du 7a au 8c+ aucune voie ne se laisse faire facilement. Ici une croix se mérite comme nul part ailleurs, la moindre erreur se traduit par une sanction immédiate.  Ce n’est pas gagné.

 

Le troisième jour, c’est repos pour tout le monde. Shoping à Bend, footing (10km /h maxi, c’est Oliv (Haile Gebreselassie au cheveux long) qui donne le rythme , rando au pied du Mont Bachelor (Fab et Diego dans le rôle de Chritsopher Mc Candless « Into The Wild »).

Quatrième et cinquième jour. Rituel déjà bien huilé, levé à 6h, petit dej au Start Buck coffee, et départ pour Smith. Puis, échauffement et premier Run. Malgré quelques premières  réalisations marquantes comme Scarface (8b+) et Bad man (8b+), la liste des projets est encore longue et  une certaine  tension  est palpable chez les grimpeurs. Plus exactement, une sorte de Stress de peur de ne pas y arriver, car nous ne sommes pas venus ici, pour bronzer au soleil.  Des questions se posent, quelle crème pour soigner les steak sur les doigts, quelle Kutter utiliser pour tailler ses chaussons, ne faudrait-il pas se couper les cheveux pour être plus léger, les réponses ne sont pas là, pas plus que dans les règles du football américain que l’on s’abrutit à essayer de comprendre. Tout y passe, mais rien ne semble avoir une quelconque influence pour désinhiber les esprits.

Jusqu’au jour où, après un bon repas  au « Terrebonne », Charlotte assise à l’arrière de la voiture sort de sa poche une clef USB. Diego l’enclenche alors dans une prise prévue à cet effet pour connaître le contenu de la Play List. Alors que la voiture démarre, nous comprenons aux premiers crépitements des baffles que c’est Bob qui va enchanter notre retour. Durant l’heure de route, les morceaux s’enchaînent Iron Lion Zion ; Natural Mystic ; Africa Unite, le son est au maximum, dans la voiture, c’est une ambiance de concert. Nous chantons le plus fort possible, comme pour évacuer la pression du résultat.

Le deuxième acte du trip peut commencer.

Les esprits sont détendus, la marche d’approche à la falaise se fait en sifflotant des airs de musique. Nous apprécions davantage le site, ses somptueux paysages mais aussi l’ambiance générale. Il règne ici une atmosphère particulière que l’on pourrait qualifier de paisible. De plus, les grimpeurs locaux nous réservent chaque jour un accueil des plus chaleureux. Ils sont contents de nous voir et encouragent chacun de nos essais. Depuis son arrivée, « la French Team » fait parler d’elle. Ce fut un honneur pour nous, de voir que des directeurs de grandes  marques telle qu’Entre-Prise ou Prana aient effectué spécialement le déplacement pour nous rendre visite.

Les jours se suivent et se ressemblent, les réalisations s’enchaînent à un rythme effréné. Tour à tour, les voies de la célèbre Monkey Face s’inscrivent dans le tableau des croix. Après Just Do It (8c+), c’est autour de Spank The Monkey (8B très engagé) « seconde réalisation après celle de Tomy Cadwell »  et East Face (8b Trad / 35m de fissure à protéger)  de tomber sous les assaults des grimpeurs du groupe excellence. Il en va de même au secteur principal. La liste se complète avec les « classiques », Darkness at noon : 8a ; Aggro Monkey 8a ; Rude Boys 8a suivi des beaucoup moins classiques comme Vicious Fish 8a+ ; White Wedding 8b+ ou encore The Big R 8b+, pour finir en beauté par LA Voie de Smith, To Bolt Or Not To Be (8b+ extrême).

 

Quelques commentaires sur le style de Smith-Rock

Le profil des voies est généralement en léger dévers, vertical, voir en dalle. A l’opposé des standards actuels, c’est un style Old School. L’escalade y est donc à la fois technique et éprouvante psychologiquement. Cela demande un certain temps d’adaptation, ou une marge importante par rapport aux cotations annoncées. Que dire par exemple de To bolt Or Not To be, annoncé 8b+ sur le papier ! C’est certainement un des meilleurs exemples qui montre que la cotation ne veux pas dire grand-chose. Pour réussir To Bolt, il ne suffit pas d’avoir un niveau de 8B+. Il est possible de la gravir si et seulement si, on dispose des qualités d’un grimpeur excellent.

Un secteur marquant : La célèbre Monkey Face

 

Les 4 voies que nous avons réalisées ici sont de véritables King Lines avec chacune des caractéristiques particulières.

Just Do It : 8c + / 35 m / première voie de cette difficulté des Etats-Unis, réalisé en 1992 par JB Tribout. La voie est coupée en deux parties. Une première en léger dévers très technique (chute possible au 3ème point si l’on n’est pas calé au mm), suivi d’un dévers plus prononcé (très résistant sur arquées).

Qualité pour réussir cette voie : aucune lacune.

 

East Face :  8b (Trad). Très belle fissure de 35 m à protéger. Un must dans ce style.

Qualité pour réussir cette voie : Sang-froid, Expérience, Guerrier.

 

Spank The Monkey : 8b / 35m / engagée. Avant notre venu, cette voie n’avait connue qu’une seule réalisation par Tomy Cadwell. La description du topo fait froid dans le dos.

Mais en arrivant au pied, l’appel est trop fort, et la beauté de la ligne l’emporte sur la peur.

Cette proue parfaite sépare les faces Est et Nord du monolithe. Le type d’effort : une succession de sections résistantes entrecoupées de repos. Mais, ce qui caractérise avant tout cette voie, c’est son engagement. Des chutes de 10m sont possibles à plusieurs endroits.

Nous avons réalisé les 2ème ; 3ème ; 4ème ; 5ème et 6ème réalisations masculines ainsi que la première féminine de Spank The Monkey.

Qualités requises :  Avancer sans se poser de questions / Disposer d’un bon assureur.

 

Les membres du Groupe :

Enzo Oddo, Charlotte Durif, Jérôme Pouvreau, Alizée Dufraisse, Fabien Dugit, Olivier Fourbet, François Lombard