Olivier Moret : « prendre des risques, en connaissance de cause »

Olivier Moret © Stef Candé

Mardi 2 avril à 20h, à la salle Jean Renoir de Chambéry, Philippe Descamps et Olivier Moret, auteurs de Avalanches, comment réduire le risque et Ski de rando, tome 1, animeront une conférence sur la gestion du risque avalancheux dans la pratique des activités de montagne. Cette présentation, plus pratique que didactique, donne des clés pour tirer le meilleur des nouveaux outils d'analyse du risque et construire ses itinéraires « en connaissance de cause ».  

Qu'est-ce qu'un pratiquant d'activités neige chevronné va apprendre lors de cette conférence qu'il ne connait pas déjà ? 
Olivier Moret : André Roch, un nivologue suisse, disait : « Expert, sois attentif, l'avalanche ne sait pas que tu es un expert. » Quand on se croit expert, c'est là où c'est dangereux. Il y a toujours des choses à apprendre pour réajuster ses curseurs. D'ailleurs selon les statistiques, les accidents d'avalanches touchent en priorité les hommes de 40 à 60 ans, ayant de l'expérience, connaissant le terrain, habitant une région de montagne et sûrs de leur expérience (Cf. le rapport sur l'accidentologie des sports de montagne). Ainsi, quand on croit maîtriser un sujet, c'est toujours intéressant de confronter son expérience à d'autres savoirs. Notre présentation s'adresse plus généralement à tous les pratiquants des sports de neige en dehors des zones aménagées, aussi bien aux raquettistes, aux skieurs de randonnée bien sûr, aux alpinistes aussi, notamment en hivernales, et aux glaciéristes. La plupart des accidents en glace sont en effet causés par des avalanches.

Quel est l'état des connaissances dans le domaine des avalanches ? 
O. M. : On commence à bien connaitre les mécanismes de déclenchement des plaques, qui sont les principaux dangers pour les skieurs : nous savons par exemple que 95% des accidents d'avalanche dont sont victimes les skieurs sont le fait de plaques qu'ils ont eux-mêmes déclenchées. En revanche, il est extrêmement difficile aujourd'hui de savoir si une avalanche va se déclencher sur une pente ou non. Parfois toutes les conditions sont réunies et l'avalanche ne se produit pas systématiquement. Ce serait simple si on actait que par risque 3, sur une pente à 35 degrés se produit une avalanche, mais malgré toute la littérature, on est incapable de dire, dans l'absolu, de le définir.
La science analytique de la neige progresse lentement et finalement n'apporte peu d'information aux pratiquants. Cependant, les approches probabilistes, construites à partir des retours d'expériences des accidents, nous renseignent beaucoup plus sur les situations à risques et les situations plus sûres que l'approche déterministe. Elles ont été développées ces dernières années par les Suisses notamment, qui, voyant les échecs de l'approche déterministe, ont analysé les centaines d'accidents d'avalanche et en ont déduit des probabilités d'accidents selon les pentes et les contextes. Ces enseignements sont accessibles et peuvent facilement être mis en pratique pour faire des choix d'itinéraire éclairés.