Pauline, gardienne du refuge du Pavé

Pauline Muller © Ariane Fornia

 

Pauline MULLER

Gardienne du refuge du Pavé
 

 

"Ce n'est pas un métier, c'est une façon de vivre."

 

A seulement 28 ans, Pauline Muller réalise déjà un rêve : devenir gardienne du refuge du Pavé, là où elle découvrit sa vocation professionnelle. Dans un décor minéral et un bâtiment tout neuf, Pauline prend la suite de la regrettée Lucie Gauthier, gardienne depuis 2022 et disparue en janvier dernier. 

"J'ai commencé à travailler en refuge en tant qu'aide-gardienne au Pavé et je me suis alors dit que, si je devenais gardienne, c'était là que je voulais arriver un jour", confie Pauline Muller de sa voix pleine de fraîcheur. Après des études en gestion de projet, puis un master en sciences sociales, Pauline s'investit dans le programme "Refuges Sentinelles", dispositif qui considère les refuges comme de véritables laboratoires et observatoires privilégiés des changements environnementaux et sociétaux. "J'ai passé pas mal de temps dans les refuges et j'ai eu envie d'y travailler. J'ai donc démarré en tant qu'aide-gardienne en Vanoise et dans les Écrins, avant d'obtenir le gardiennage du refuge de la Pointe Percée où j'ai fait 3 saisons d'été et 2 d'hiver avec mon compagnon", évoque Pauline qui, enfant, arpentait la montagne avec son papa qui lui affirmait qu'elle finirait bergère… ou gardienne ! "Quand il me disait ça, je n'y croyais pas. Aujourd'hui, j'ai conscience de ma chance d'exercer le métier qui me plaît et d'être gardienne ici."

Un refuge flambant neuf

Assistée d'une aide, Pauline a pris ses nouveau quartiers dans un bâtiment entièrement neuf qui remplace la cabane de chantier transformée en refuge après l'avalanche de 1971 qui avait détruit l'ancien édifice. Situé une vingtaine de mètres au-dessus du précédent, le nouveau bâtiment était déjà terminé lorsque Pauline a pris ses fonctions en juin dernier. Doté de 30 couchages répartis en 3 dortoirs (2 de 7 places et 1 de 16 places), il a été construit à 2858 mètres d'altitude dans un cirque glaciaire isolé, sur le territoire du Parc national des Écrins. Un véritable défi pour la FFCAM qui a souhaité faire de ce projet un chantier exemplaire en limitant les héliportages. Avec sa silhouette minérale et ses intérieurs en bois, le nouveau refuge du Pavé est un lieu vierge où Pauline imprime petit à petit sa marque. "Je me sens bien dans ce nouveau bâtiment. J'arrive ici pour écrire une nouvelle page. Avec mon aide-gardienne, on crée, on modifie, on décore à notre goût", s'enthousiasme la jeune femme qui aime résolument ce mode de vie. "J'éprouve une forme de liberté dans ce métier. D'ailleurs, ce n'est pas un métier, c'est une façon de vivre." 

Haute altitude et pragmatisme 

Gardienne de refuge est pourtant un vrai métier. Et un métier exigeant. Même si le seul fait d'être en montagne chaque jour rend heureuse Pauline, elle doit aussi faire preuve de polyvalence pour assumer aussi bien la gestion, les tâches administratives, l'accueil du public, la cuisine, la maintenance ou les choix stratégiques. Par exemple, la jeune gardienne ne sait pas encore quel type d'animations elle proposera, la clientèle du Pavé étant surtout composée d'alpinistes et de grimpeurs, contrairement au refuge de la Pointe Percée où les randonneurs appréciaient les soirées musicales ou thématiques sans se soucier de l'heure du réveil le lendemain. "Je me laisse le temps de la réflexion pour imaginer des animations adaptées", indique-t-elle avec sagesse. 

Dans un environnement de haute montagne aux allures himalayennes, entre le lac glaciaire du Pavé, la Roche Méane et le pic Gaspard, le refuge du Pavé se mérite. Il faut marcher une dizaine de kilomètres et avaler 1150 mètres de dénivelée positive pour atteindre le site. "Cette randonnée n'est pas accessible à tous car elle est longue et impressionnante par sa minéralité. Les intempéries de 2024 ont également abîmé le chemin, ce qui durcit l'ascension. La randonnée pour monter jusqu'au refuge constitue en elle-même une vraie course", précise Pauline. Réservé aux montagnards aguerris en raison de son isolement en haute altitude, le Pavé est dépendant des conditions environnementales. Approvisionné exclusivement par héliportage, alimenté en énergie par des panneaux photovoltaïques, des capteurs solaires, une chaudière à granulés et un poêle à bois, et en eau par un pompage réalisé dans un puits situé en amont du lac du Pavé, le refuge n'offre pas toujours la possibilité de se doucher. "S'il n'y a pas assez d'énergie, l'unique douche ne fonctionne pas. Nous devons nous adapter à l'environnement dans lequel nous nous trouvons", explique Pauline. 

Des convictions chevillées au cœur 

Dans le même esprit, la jeune gardienne cuisine très rarement de la viande. "Nous consommons déjà trop de viande en bas, alors j'estime que l'on peut se passer d'en faire monter par hélicoptère et que les montagnards de passage peuvent facilement s'accommoder d'un dîner végétarien lorsqu'ils viennent ici." Le menu n'en est pas moins copieux, alliance classique d'une soupe, d'un plat de résistance, de fromage, d'un dessert et de pain fait maison. "Tout est préparé sur place. Je n'achète rien de transformé et je m'approvisionne presque exclusivement en région Rhône-Alpes ou PACA, et avec des produits bio dans tous les cas." Ce positionnement assumé témoigne des valeurs défendues par Pauline qui, outre sa conscience environnementale aigüe, est également attachée aux rencontres et aux échanges, qu'elle s'efforce de favoriser dans la grande salle commune du refuge. "Lorsque la neige disparaît, la terrasse est un espace vraiment agréable aussi pour se retrouver", affirme Pauline.

Une nouveauté : l'ouverture hivernale 

La neige. Évidemment, à de telles altitudes, l'enneigement peut être tardif, comme en cette année 2024 où la terrasse est encore inaccessible début juillet. Mais la neige est aussi un atout pour le refuge du Pavé qui, jadis non gardé en hiver, ouvrira pour la première fois ses portes en mars et avril 2025 pour accueillir les skieurs de randonnée. "La montée à ski peut être une course en soi, mais l'idée est surtout de valoriser la variante du tour de la Meije et de fonctionner en synergie avec les autres refuges du secteur", indique Pauline. Une nouveauté qui devrait susciter l'enthousiasme des pratiquants et promouvoir de nouvelles itinérances hivernales.  

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Période de gardiennage

En mars et avril pour le ski de randonnée de printemps.

De juin à mi-septembre. 

Activités praticables autour du refuge

Alpinisme   Alpinisme
Escalade   Escalade
Randonnée montagne   Randonnée

Ski de randonnée   Ski de randonnée
Ski alpinisme   Ski-alpinisme