La FFCAM s'engage pour prévenir les violences sexuelles et le harcèlement en milieu sportif
Attentive aux problématiques contemporaines, la FFCAM ne pouvait ignorer la question du harcèlement et des violences sexuelles dans le milieu sportif. La Fédération agit donc concrètement en déployant un dispositif de prévention en partenariat avec l'association Colosse aux pieds d'argile.





Depuis plusieurs années, la parole se libère dans tous les milieux pour dénoncer les situations de harcèlement et de violences sexuelles. L'univers sportif est lui aussi concerné, comme en témoignent parfois publiquement certains athlètes de haut niveau. Le ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative a d'ailleurs formellement demandé aux fédérations d'agir et d'intégrer la lutte contre les violences sexuelles dans leurs statuts. En tant que fédération rassemblant des adhérents adultes et mineurs, la FFCAM développe donc des actions de prévention et de sensibilisation. Pour aborder ces questions sensibles, elle s'est rapprochée de l'association Colosse aux pieds d'argile fondée en 2013 par l'ancien rugbyman Sébastien Boueilh. Reconnue comme l'une des structures de référence en milieu sportif, Colosse aux pieds d'argile intervient auprès des jeunes et des adultes qui les entourent pour prévenir et accompagner. Une quarantaine de fédérations ont d'ores et déjà signé une convention de partenariat avec elle et la FFCAM les rejoindra bientôt, officialisant et pérennisant ainsi son engagement.






© Colosse aux pieds d'argile
Un véritable engouement
En juin 2024, une première séance de sensibilisation a été menée auprès d'une vingtaine d'encadrants fédéraux. "Cette journée a permis de mieux identifier les situations ambigües, les précautions à prendre, mais aussi le comportement à adopter face à une scène anormale ou face à un témoignage", évoque Henri-Luc Rillh, conseiller technique national à la FFCAM. Suite à cette expérimentation réussie avec Colosse aux pieds d'argile, la FFCAM a décidé de déployer l'action afin de toucher un maximum d'encadrants et d'adhérents.
"Nous avons organisé quatre séances en visio au cours de l'automne 2024", indique le Conseiller technique national. "Il y a eu un réel engouement : nous avons réuni de 55 à 70 personnes à chaque séance.Plusieurs clubs se sont connectés en groupe, parfois avec des jeunes." Le succès rencontré par ces visioconférences animées par Guillaume Guidez, chargé de mission prévention au sein de Colosse aux pieds d'argile, témoigne d'un vrai besoin d'information sur un sujet délicat. "Les questions concernaient souvent des aspects pratiques : comment organiser un entretien avec une jeune ? Faut-il fermer la porte de la salle ou la laisser ouverte ? Faut-il faire la bise aux jeunes ou non ? Est-il souhaitable ou non de faire monter en enfant à côté de soi en voiture lors d'un déplacement ?", précise Henri-Luc Rillh. Guillaume Guidez a lui aussi noté le vif intérêt des participants et se réjouit de la richesse des échanges. "Les interactions étaient denses et l'affluence idéale. C'est tout-à-fait ce que nous souhaitons instaurer", confie l'intervenant. La pertinence de ces séances est telle que la FFCAM a d'ores et déjà planifié trois dates supplémentaires d'ici cet été.
La prise en compte des spécificités de la FFCAM
"Dès la première visioconférence, je me suis rendu compte qu'il y avait des particularités dont il fallait tenir compte", indique Henri-Luc Rillh. "Par exemple, la méthode d'assurage en bloc nécessite que l'on place les mains sous les fesses de celui qui grimpe et que, en cas de chute, on retienne le grimpeur sous les fesses. Ce n'est pas une agression sexuelle, c'est seulement un geste technique officiel dont l'encadrant doit informer le pratiquant en amont et, si besoin, ses parents." D'autres spécificités concernent les activités pratiquées à la FFCAM, qu'il s'agisse de gérer une nuit passée en refuge ou d'organiser un lieu où se changer, en l'absence de vestiaire. "Au fil des collaborations, nous développons une expertise auprès des fédérations avec lesquelles nous avons noué des partenariats", indique Guillaume Guidez. "Nous tenons compte des particularités pour apporter des informations et des recommandations adaptées."
Grâce à la convention qui liera la FFCAM et l'association Colosses aux pieds d'argile, la fédération bénéficiera aussi d'un accompagnement (juridique et judiciaire, mais aussi psychologique pour les éventuelles victimes), ainsi que de formation continue. "Les deux entités avancent main dans la main. L'objectif est de créer et maintenir un cadre sécuritaire pour les encadrants et les pratiquants", indique Guillaume Guidez. "Il faut garder à l'esprit que, globalement, tout se passe bien. Il existe toutefois des risques dans le milieu sportif, comme dans tous les autres milieux, donc il faut prévenir et sensibiliser." La FFCAM est, elle aussi, convaincue de la nécessité d'agir pour continuer à libérer la parole et informer. "Tout le monde est concerné. C'est aussi pour cette raison qu'un nouveau cycle de sensibilisation pourrait voir le jour dès l'automne prochain avec de nouveaux contenus. Outre la prévention et l'accompagnement, cette démarche permet sans doute à chacun – bénévole, élu, adhérent – de progresser dans ses rapports sociaux avec les autres", conclut Henri-Luc Rillh.

Créée en 2013, l'association Colosse aux pieds d'argile est née de l'histoire personnelle de Sébastien Boueilh, ancien rugbyman, victime de viols entre 12 et 16 ans, par un membre de sa famille. Après 18 ans de silence et à la suite du procès qui a condamné son agresseur, Sébastien a décidé de fonder cette association pour lutter contre les violences sexuelles, le bizutage et le harcèlement. Reconnue d'utilité publique depuis 2020, l'association a pour missions la sensibilisation du grand public, la formation des professionnels encadrant les enfants et l'accompagnement psychologique et juridique gratuit des victimes.