Assises de la Sécurité en Montagne






L'ensemble des acteurs de la montagne - dont la FFCAM - était présent, vendredi 23 novembre, à Nice (Alpes-Maritimes), pour les 1ères Assises de la Sécurité en Montagne organisées à l'initiative du Syndicat National des Guides de Montagne (SNGM).
Christian Jacquier, Président du SNGM, avait posé l’objectif de ces Assises : "augmenter notre degré de fiabilité et, pour cela, travailler et s’exprimer sans tabou". L’ensemble du monde de la montagne avait répondu présent : experts, magistrats, avocats, scientifiques, formateurs, dirigeants des fédérations, de syndicats professionnels et d’organismes de secours en montagne, assureurs ou encore dirigeants de société. Tous ont porté avec lucidité et hauteur de vue un regard sans concession, mais toujours bienveillant sur cette question…
La journée s’est articulée autour de cinq tables-rondes recoupant les grandes préoccupations du moment. La première d’entre elles, "Trop de morts, tous responsables", était destinée à provoquer chez les guides une nécessaire prise de conscience, en comparant les chiffres d’accidents avec ceux d’autres activités comme la navigation de plaisance (zéro accident mortel en 2018) ou de l’alpinisme dans certains pays frontaliers : sur la période 2008-2017, les guides suisses déplorent 20 accidents mortels pour 130 000 journées-guides, leurs confrères français… 104 accidents mortels pour 145 000 journées-guide. D’autres thèmes ont été abordés : “Mieux autoréguler la profession", "Identifier et s’adapter aux nouveaux risques, notamment climatiques", "Développer une culture du retour d’expérience et des échanges entre guides et pays", "Transformer les parcours de formation et de sélection".
Cette dernière table-ronde a débouché sur une volonté affirmée par l’Ensa (Ecole nationale de ski et d’alpinisme) de continuer à développer la culture du renoncement en tant que compétence professionnelle essentielle. La prise en compte du facteur humain doit se doubler de l’adoption et l’application de règles simples ou d’outils d’aide au processus de décision. L’accent est déjà mis sur les capacités d’analyse et de communication des futurs guides lors de leur formation initiale - évolution notable par rapport à une époque bien révolue où la performance était valorisée de façon prépondérante au détriment des autres compétences du métier. Dorénavant, les futurs aspirants-guides ne sont plus tenus de présenter des courses engagées et difficiles à leur entrée à l’Ensa, au profit de courses classiques, terrain d’exercice de la plupart des guides. Nicolas Raynaud, Président de la FFCAM, a annoncé une année 2019 consacrée à la sécurité. "Un bon professionnel, a-t-il rappelé, est d’abord un bon montagnard. Et ça ne s’enseigne pas qu’à l’Ensa, mais aussi avant, souvent lors du passage par les clubs..." Il a expliqué fonder aussi quelques espoirs sur la féminisation de la pratique, pouvant amener un regard différent et influencer positivement les mentalités.
Plaidant pour une série de décisions vitales, le procureur Raphaël Balland, expérimenté en matière d’accidents de montagne, a adressé dans sa conclusion une question à l’ensemble des acteurs : "N’est-il pas temps pour votre profession de remettre en cause le sacro-saint principe de liberté et de fixer une forme de réglementation avant que d’autres vous la fixent ?"
Téléchargez ci-dessous la synthèse des cinq tables-rondes.