Stage en Sardaigne 2021






De rebondissement en déception la mise en place de ce projet aura été longue et compliquée
Le projet initial coordonné par Didier vers le Liban en 2019 capota à la suite des événements à Beyrouth. Il ne fût pas reporté pour des raisons de stabilité politique nécessaire à ce type de projet.
Dans un deuxième temps, l’idée fût de former un groupe sur un projet pédagogique et esthétique en grande voie de haut-niveau et qui sera l’objet de la réalisation d’un film. Rapidement nous tombons d’accord : l’objectif pourrait être “Hotel Supramonte” une voie déjà visitée par le groupe excellence qui reste un gros challenge et qui regroupe toutes les qualités requises pour un projet de ce type.
Début 2020, le groupe est formé et les participants pas tous des spécialistes de la grande voie mais tous motivés pour apprendre : parfait tout semble bien parti ! Le COVID bouleverse à nouveau l’organisation. Le plan B est reprogrammé plusieurs fois, redécalé, plusieurs réunions et coup de fils plus tard, le projet est abandonné pour 2020. Les troupes ne sont plus autant motivées : le groupe évolue.
Didier, Luc et Babar relancent le projet pour 2021 : on garde le même objectif et on constitue un groupe qui est motivé.
Tanguy Mérard (CAF de Nîmes) et Elsa Ponzo (CAF de Paris) répondent tout de suite présent puis nous contactons Juliette Marot (CAF des Pyrénées Orientales ) et Jules Lacoste (CAF de Grenoble) qui nous avaient envoyé leur candidature de manière spontanée l’année d’avant. Le projet les enthousiasme et ils font partie du voyage.
Enfin Solène Amoros (CAF d’Embrun) et Yanis Gautier (CAF de Briançon) viennent renforcer l'équipe. Igor Martinez du CAF de Nîmes et François Lombard du Caf de l’Argentière s’occupent de l’encadrement et de l’organisation. Jan Novak réalise les images pour le film.
La date est prévue pour les vacances de Toussaint, les jours sont courts mais les températures sont plus propices pour grimper en Sardaigne. L’équipe d’organisation (Didier, Igor, Babar) décide d’attendre le plus tard possible pour prendre les billets de bateau et l’hébergement pour se donner le maximum de chances d’avoir une météo clémente.
A deux semaines du départ nous faisons un point… pas l’ombre d’une précipitation sur les radars météo pendant la période : tous les voyants sont enfin au vert, l’opération HS (Hotel Supramonte) est lancée !
Dernière réunion en visio pour caler toute la logistique et le matériel. Le rdv est donné le 27 novembre à Toulon pour prendre le bateau ! Mais… les prévisions météo évoluent rapidement les derniers jours. Nous touchons la Sardaigne sous une pluie battante le 28 et arrivons à Cala Gonone en milieu de journée, l’ambiance est morose.






L’appart où nous sommes logés est parfait, nous aurons un bon camp de base pour récupérer des journées de grimpe. Nous avons 3 VTT pour faciliter l’accès et je décide le soir même, d'aller voir Gorroppu pour se rendre compte des conditions. Avec mon VTT électrique, je redécouvre le sentier qui mène vers le secteur. Il a beaucoup évolué et est beaucoup moins roulant qu’il y a 10 ans. Plus tard dans la semaine, Yanis et Juliette tenterons l’approche pas le sentier du haut, trop longue et difficile par rapport à l’approche pédestre, nous n'utiliserons finalement pas les vélos… La face est globalement grimpable sauf le haut moins raide qui est complètement trempé. Je décide que nous commencerons demain !
Le 29 nous partons bien chargés vers Gorroppu pour mettre en place la logistique et aussi grimper, pour commencer à travailler les voies.
Une "petite surprise” nous attend : une vasque de canyon s’est remplie pendant la nuit : il faut donc la traverser avec les sacs sur la tête pour les plus grands et à la nage pour les moins grands ! Rafraîchissant mais on perd du temps !
Il faut compter 3 heures 30’ avant de grimper… c’est la somme du trajet en voiture (30mn), de l’approche à pied (1h45), du passage des vasques (30 mn), de la préparation au pied (15mn) : c’est une bonne mission !
Igor et Babar partent en premier dans HS pour vérifier l’état de la voie et aussi hisser les stats jusqu'à la longueur 5 d'où on peut redescendre avec un rappel de 90m. Ces cordes serviront également à Jan pour faire des prises de vues.
Tanguy et Yanis partent dans El Viaje de los Locos la voisine plus dure et vont jusqu'à la Longueur 5. Tanguy semble confiant sur un enchaînement dans la semaine et Yanis décide de se concentrer sur HS. Jules, Juliette, Solène et Elsa, quant à eux, visitent HS. Ce jour-là bien que “grimpable” l’humidité et le manque d’air rendent la voie vraiment difficile. Le rocher jaune “rend” l’humidité : même un gros bac est dur à tenir. Mais avec la motivation et acharnement les deux équipes arrivent à “caler” les sections dures de la voie.
Au retour, l’équipe est fatiguée mais bien motivée pour la suite.
Il n'est pas facile de programmer la suite car la météo semble vraiment capricieuse : le dimanche, une mousson est prévue !
Du coup tout le monde se motive pour y retourner le lendemain (le samedi 30). Bonne surprise la vasque s’est vidée on peut passer à pied (ce sera la dernière fois…).
Une nouvelle surprise : la gorge de Gorroppu qui était il y a quelques années un endroit très sauvage, est devenue un haut lieu du tourisme. Chaque jour, plusieurs dizaines de personnes (on n’imagine pas l’été..) viennent pour admirer ce joyaux de la nature en louant les services de 4x4 qui les déposent à 45mn de marche de l’entrée du canyon. Pas très gênant en soit mais ce jour là il y avait foule pour observer le groupe “pendu dans les dévers”. Ambiance bizarre !
Tanguy “tape” un essai dans El Viaje de Los Locos. Dans la première longueur, la prise du crux a mouillé pendant la nuit. Il tombe mais cale une séquence qui fait, même mouillée, et décide de ne pas remettre de run (il ne sait pas encore que la voie sera définitivement mouillée après cette journée et qu’il n’aura pas d’autres occasions…)
Les autres vont dans HS. Certains pour revoir les longueurs dures du bas, d'autres pour aller voir les longueurs finales. Solène et Jules posent les stats et les dégaines dans les longueurs 6, 7 et 8 et laissent même un jeu de dégaines au huitième relais. Il y a donc des dégaines dans les huit premières longueurs ! Énorme!






Dimanche 31 octobre: repos (bien mérité)
Lundi 1 novembre, un groupe décide de retourner caler le bas de HS. La journée très humide verra leurs efforts peu récompensés… les vasques sont à nouveau difficiles à franchir. On installe une corde fixe pour éviter la baignade du matin… mais cela prend du temps de remonter “au Jumar” et ils rentrent tous le soir bien fatigués. Surtout la motivation en prend un gros coup! Selon eux, ce n’est plus la peine de s'acharner, les conditions sont trop mauvaises !
Malgré le coup de mou, il semble que la météo pour ce mardi soit plus favorable avec des éclaircies et surtout du vent qui pourrait changer la donne ! Un team se forme avec dans l’idée d’aller voir si les conditions s’améliorent ou pas. Le cas échéant de démonter, et ramener le matos.
Ce jour-là, ça “colle” ! Le vent est bien puissant. Tanguy et Elsa feront “team” pour un essai “à vue” de Tanguy en leader fixe. Bien que la cinquième longueur soit encore trempée, on estime que si le vent tient, elle devrait sécher le temps qu’ils l’atteignent !
Elsa et Tanguy s’entendent bien et les 2 premières longueurs sont faites rapidement, même si certaines prises sont mouillées. Il faut faire attention en gérant les cordes au relais avec ce vent parfois violent.
Dans les trois longueurs les plus dures Tanguy est magistral. Il grimpe de façon déterminée et ne fait aucune erreur ! Il réalise une performance de très haut niveau ! La cordée fait preuve d’une grande maîtrise; elle atteint la partie moins raide mais ce n’est pas fini. Et tous deux restent concentrés jusqu’au sommet. Elsa finit la dernière longueur à la frontale. C’est toujours très concentrés qu’ils réalisent la descente en rappel de nuit : pas une partie de plaisir !
Ce jour là Yanis et Solène enchaînent le bas mais butent à la longueur 5. Retour à la maison très tard vers 22h !
Le mercredi 3 novembre : c’est une journée de repos méritée avec comme objectif de retourner le lendemain pour finir le travail et ramener tout le matos! Les cordées se font à Chifoumi! Solène et Jules partent en premier, suivis de Juliette et Yanis. Tanguy et Elsa sont réquisitionnés par Jan pour refaire des images dans les premières longueurs (ils seront également mis à contribution pour récupérer le matos des 3 premières !)
On se couche tôt, le départ est prévu à 5h!
Jeudi 4 novembre : c’est le dernier jour, la météo n’est pas pire… même s’il n’y pas autant de vent que le mardi… Qu’importe, au moins, ce n’est pas trop humide ! Une nouvelle vasque s’est remplie = petit frisson du matin !
Lors des premiers jours, il s’est avéré que grimper en réversible n’est pas une bonne stratégie pour ce type de voie. Il est trop dur d'enchaîner 2 longueurs dans ce niveau à la suite, avec un temps de repos réduit. Chaque cordée a donc désigné un leader sur une partie de la voie, mais qui changera le long de l’ascension.
Le 7c de départ et le 8a de la L2 ne posent pas de problèmes, pas plus que les deux suivantes pour Solène. Jules quant à lui tombe dans la L3 et décide de passer en second pour finir. Idem dans la cordée Juliette Yanis c’est Yanis qui atteint R4 en ayant tout enchaîné.
Solène n’avait pas bien caler L5 et doit remettre un essai. Elle passe le crux mais tombe dans la fin de la longueur. Le temps passe. Il y a un bouchon à R4. Il faut bricoler dans l'organisation des cordées pour que Yanis et Juliette puissent doubler et continuer sans trop perdre de temps. Ça fonctionne ! Yanis enchaîne L5 dans un très beau combat et peut poursuivre pendant que Solène et Jules redescendent à L4 pour refaire une tentative qui se solde par un réussite de Solène !
Pendant ce temps, Yanis enchaîne L6 avec le crux complètement mouillé (merci Igor d’avoir pu nettoyer partiellement la section !). La fin de la journée approche. Igor et Babar décident qu’il est trop dangereux de grimper dans les 3 dernières longueurs de nuit (escalade pas très raide et très engagée). Tous iront jusqu'à la L7 !
La performance de ces quatre mousquetaires est de premier ordre ! Il ne reste plus qu'à tout démonter. Igor se charge des stats. On rentre tous avec un énorme sac (400 m de stat, 3 cordes de 80, 3 brins de hissage de 60m, environ 120 dégaines + le matos de remontée sur corde et perso…). On repasse les 3 vasques pour la dernière fois !
Les deux heures de marche semblent faciles malgré les bretelles qui scient les épaules ! Il restera encore de l’énergie le lendemain pour aller profiter des colonnettes de la grotte du Millenium avec quand même une grosse averse et un retour à la frontale.
L’alchimie dans le groupe a pris d’une belle façon. Cette énergie a permis, malgré les conditions difficiles, d’aboutir à des performances exceptionnelles. Au-delà des performances physiques, mentales, il y avait aussi de l’entraide, du partage au travers des encouragements qui ont porté les grimpeurs à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Je suis sûr que cette expérience les rendra plus forts et plus humains.
Merci à la FFCAM de permettre cela.
Une pensée pour le groupe “alpinisme”