Suprême escalade

Crédit : Jan Novak. Crédit : Jan Novak.

Tanguy Merard, membre du groupe excellence escalade FFCAM, a réalisé le 3 novembre, à vue, la voie «  Hotel supramonte », en Sardaigne. Une performance exceptionnelle !

Cette voie de 350 mètres, comptant onze longueurs allant jusqu’au 8b, est située dans le canyon de Su Gorropu, la gorge la plus profonde de la Sardaigne (et l’une des plus profondes d’Europe). Situé entre la Barbagia et l’Ogliastra, au centre-est de la Sardaigne, ce site compte neuf voies présentées de 6c à 8b (de 170 m à 600 m). Très technique, l'escalade s’y déroule sur un calcaire gris et jaune suivant les secteurs, et très engagé. 

Ouverte en 1998 par Rolando Larcher et Roberto Vigiani, "Hotel supramonte " – dont la première ascension en libre a été faite par Pietro dal Pra en 2000 – est une voie très intense, comportant notamment trois longueurs dans le 8ème degré, et six longueurs entre le 7b et le 7c : L1 7b+ ; L2 7c+ ; L3 8b ; L4 8a+ ; L5 8a+ ; L6 7c ; L7 7a+ ; L8 7b+ ; L9 7b ; L10 7b ; L11 6b+. Avant Tanguy Merard, seul le grimpeur tchèque Adam Ondra – c’est dire l’importance de la performance – était parvenu en 2012 à gravir cette voie à vue ! 

Tanguy Merard est âgé de seulement… dix-sept ans. Originaire de Générac (Gard), il a réalisé son premier 9a+ en juillet dernier à Entraygues (Aveyron). Alors que d’importantes averses avaient frappé le site, il est parvenu, assuré par Elsa Ponzo, à venir à bout de la voie en six heures, grâce à un vent salutaire qui avait séché les passages-clef (il avait tellement plu la veille que le grimpeur a dû nager, dans le canyon, pour rejoindre la grande voie). Le jeune grimpeur a effectué son premier essai à vue vers dix heures du matin, sachant que la nuit tomberait vers 17h30 : le temps était compté.

"J’ai passé les deux premières longueurs assez facilement, raconte-t-il. Pour le 8b, j’y suis allé assez serein, et c’est passé. Ensuite le 8a+ ça s’est plutôt bien passé aussi, j’ai réussi à bien temporiser. Pour le dernier 8a+, c’était assez bloc, j’ai bien forcé, c’était un peu limite. Il me restait ensuite six longueurs, et ça l’a fait ! Mais j’avoue que j’avais quand même un peu la pression… À mon arrivée au dernier relais, la nuit venait de tomber : le timing était donc parfait avant de redescendre en rappel." Et de conclure : "C’était vraiment incroyable la journée, le gros vent séchait les longueurs au fur et à mesure qu’on grimpait ! Derrière nous, il y avait la cordée Jules Lacoste et Yannis Gautier, et dès que quelqu’un grimpait on s’encourageait (avec le canyon ça résonnait), et ça m’a vraiment poussé et motivé ! Je tiens à remercier François Lombard et le groupe excellence pour l’organisation, également Igor Martinez et tous mes sponsors !" 

Pour en savoir plus sur le groupe excellence escalade FFCAM.