La rénovation du Pavé
Le contexte
Le refuge du Pavé est situé au cœur d'un cirque de haute montagne en surplomb d'un lac glaciaire, au cœur du massif des Ecrins.
On y accède par une magnifique randonnée de 4 à 5 heures et 1150 mètres de dénivelée qui part du Pied du Col (Villar d'Arène, Hautes-Alpes, 05) et permet de toucher au plus près la haute montagne. Le refuge permet un accès rapide à un grand nombre de courses d'alpinisme et d'escalade : des plus faciles au plus difficiles. Le sommet le plus prisé est le Pic nord des Cavales : c'est l'une des plus belles courses d'alpinisme facile du massif des Ecrins sur un granit d'excellente qualité.

Construit en 1970, le bâtiment originel a été détruit par une avalanche descendue des pentes du Pic Gaspard un an plus tard, en 1971. En tôle et située légèrement en contrebas (vers le Sud-Ouest), la cabane de chantier a été épargnée et conservée après le sinistre.
Elle a été aménagée puis a fait l'objet d'une extension, et a pendant longtemps joué le rôle de refuge du Lac du Pavé.
A partir de l'été 2022, les travaux de reconstruction du refuge ont débuté à proximité de la cabane de chantier. La construction d'un nouveau bâtiment de 195 m² (30 couchages en dortoirs collectifs) avait pour objectif d'améliorer :
- la qualité de travail des gardiens ;
- l'accueil des pratiquants de la montagne en période estivale (randonnée, escalade, alpinisme) et en hiver (ski de randonnée, alpinisme) ;
- l'empreinte environnementale du bâtiment (intégration dans un paysage remarquable, gestion de l'énergie, gestion de l'eau, gestion des déchets).
Une contrainte forte : les avalanches
Comme le montrent les événements de 1971, le site du refuge du Pavé est particulièrement exposé au risque avalanche compte-tenu de son implantation en contrebas d'un cirque dominé par les pentes du Pavé, du Pic Gaspard, de la Pointe des Aigles et de la Pointe Emma. Des études spécifiques ont donc été menées par l'INRAE : la modélisation des parois rocheuses et des accumulations de neige associées a permis de déterminer l'emplacement idéal pour la construction du nouveau bâtiment, et de dimensionner les avalanches centennales auxquelles il sera soumis.
La protection contre les avalanches de fonte ou les aérosols a donc été un élément déterminant dans les choix de conception du nouveau bâtiment : volumétrie simple de plain-pied, encastrement du bâtiment dans le relief et façades les plus exposées (Nord et Ouest) aveugles.

Deux remblais ont été constitués autour du bâtiment : à l'ouest, une plateforme horizontale cassera les effets dynamiques de l'avalanche de la Pointe Emma et sert de tremplin pour permettre à l'avalanche de passer au-dessus du refuge ; au nord, une accumulation de cailloux forme un obstacle au souffle de l'avalanche du Pavé ou du Pic Gaspard.
Compte tenu des niveaux de pression pouvant impacter le bâtiment, le recours au béton s'est avéré indispensable. Afin de réduire l'impact environnemental du projet, le béton nécessaire à la réalisation du bâtiment a été préparé sur site avec des roches concassées et de l'eau prélevée en sortie du lac ; cela permet de limiter le recours à des matériaux exogènes et de réduire sensiblement le nombre d'héliportages nécessaires aux travaux.

Le lac du Pavé & l'approvisionnement en eau
L'approvisionnement en eau du bâtiment a été réalisé depuis un puits en bordure du lac, afin de ne pas pomper directement dans l'eau du lac et d'éviter toute perturbation de cet environnement fragile.
En effet : il y a quelques dizaines d'années, le recul du glacier supérieur des Cavales a laissé place au lac du Pavé. Il s'agit du lac le plus haut du Parc national des Ecrins. Avec une profondeur d'environ 40 mètres et des eaux très froides, ce lac récent est un sujet d'étude scientifique pour l'Office Français de la Biodiversité (OFB), l'Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'alimentation et l'Environnement (INRAE), la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) et le Parc national des Ecrins. Un suivi régulier est réalisé pour déterminer les effets du réchauffement climatique et suivre l'apparition de la vie dans ce lac d'altitude : des mesures réalisées montrent en effet l'apparition de microalgues unicellulaires, appelées diatomées, mais également des microplastiques pouvant provenir de la pollution atmosphérique.
Les besoins en eau du refuge, évalués à 50 m3 par an, ont aussi été drastiquement réduits grâce à l'installation de toilettes sèches pour les pratiquants et d'équipements hydro-économes.

La décoration… mais pas que
La salle commune du refuge rénové a été conçue pour être équipée de deux panneaux acoustiques sur le mur Ouest, recouverts d'un tissu imprimé. Le but de ces panneaux est d'isoler phoniquement les dortoirs de la salle commune.
Afin d'habiller ces panneaux, un concours d'illustration a été lancé : il a été demandé aux participants de retracer, par le dessin, l'histoire particulière de ce lieu ainsi que son immersion dans un environnement naturel de haute montagne.
C'est finalement la proposition d'Anne Bosquet qui a retenu notre attention. Bravo à elle !




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