Paris Ecrins

Le Groupe Espoir Ile-de-France a réalisé un stage Alpinisme dans les Ecrins du 10 au 14 juin.
Voici le journal de bord de ces journées :
Samedi 10 juin.
Lever aux aurores pour l’équipe, dont les derniers membres encore parisiens ont rejoint Grenoble la veille. Et c’est parti pour 1h30 de route jusqu’au pont de l’Alpe, où nous attend Simon, étonnamment moins énergique que d’habitude. "Ouais, c’est la soirée d’hier" nous répond-il quand on lui demande pourquoi il porte une chemise. Trêve de plaisanteries, après avoir défini les cordées et rangé le matos dans les sacs, on se met en marche pour l’arête des Bruyères. Objectif : paufiner un peu les manips de course d’arête sur cet itinéraire plutôt abordable (euphémisme qu’Hugo ne manquera pas de faire remarquer par la suite…).
La marche d’approche calme cependant assez vite certain(e)s parisien(ne)s, et tout le monde arrive finalement au pied de l’arête, après quelques 800m de dénivelé. Solène se lance la première, suivie par son second Simon. Puis c’est au tour d’Alain et Juliette, suivis par Max et Hugo. L’arête alterne entre des petits ressauts qui grimpent un peu, et des passages d’arête que l’on fait en corde tendue. Simon nous explique comment protéger simple mais efficace, se vacher directement sur un becquet, assurer son second à l’épaule, etc…pour progresser rapidement dans du terrain facile comme celui-ci, tout en restant en sécurité. Mais les cordées de derrière, un peu trop loin pour bénéficier des explications, protègent parfois tout de même un peu trop sobrement à son goût : "en même temps, c’est de la marche ton truc !" Explication qui ne satisfait pas pleinement notre guide, mais il promet qu’on va faire du plus dur.
Finalement, après un itinéraire tout de même très sympa avec une magnifique vue sur les Ecrins, nous arrivons au sommet. Petite pause rillettes, et sieste pour Simon. Celui-ci est bel et bien redevenu une pile électrique lorsqu’il se réveille : et pas question de continuer à traîner, on n’a pas fini la journée ! Après un rappel, redescente vers la voiture où l’on se met en route vers Vallouise et plus précisément le parking d’Entre-Les-Aygues, pour monter dormir au refuge des Bans.
Après une montée sous un soleil de plomb, le confort du refuge et surtout sa douche nous ne sont pas désagréables. Ni sa fondue d’ailleurs, dont Alain ne laissera aucune miette. Petit génépi offert par le gardien, et au lit pour les plus fatigués.
Dimanche 11 juin.
Grasse mat’ jusqu’à 6h, ça fait du bien. Après avoir englouti le plus de tartines possible, l’équipe se met en marche pour l’attaque de l’arête de Coste Counier. Après une marche à nouveau plus ou moins bien vécue, les cordées se préparent. "Tu devrais déjà être parti !" crie Simon à Hugo, avec qui il fera cordée cette fois-ci, au bout de 30 secondes. On admet que l’on a encore un peu à gagner en efficacité... Juliette et Solène suivent la cordée de tête, suivies par Max et Alain qui ferment la marche. On commence avec quelques longueurs en IV, se terminant par une sorte de couloir-cheminée pas très accueillant avec pas mal de pierres assez mobiles. L’une d’entre elles finit malheureusement par partir et taper la chaussure de Max, au relais plus bas, ce qui le fait s’entailler la jambe contre la falaise. Celui-ci n’a en plus pas d’autre choix que d’utiliser un mouchoir plus ou moins usagé comme pansement, plus tard tout de même validé par les membres médicaux du groupe. C’est l’occasion pour Simon de nous expliquer comment placer les points pour éviter que la corde ne vienne faire bouger des pierres instables.
Après avoir modifié les cordées, on repart de la brèche. C’est maintenant Juliette et Hugo qui passent devant, suivis d’Alain et Solène. Après quelques longueurs en IV dans du rocher magnifique, on atteint la deuxième brèche et un rappel. C’est parti pour une belle dalle inclinée puis encore un peu de grimpe avant de rejoindre l’arête, plus ou moins étroite par endroits. C’est là que l’on se rend compte que l’on a perdu Alain et Max…après avoir attendu un peu et tenté de leur donner des explications sur l’itinéraire au talkie, on continue sur l’arête qui devient vraiment jolie et effilée. Et finalement, surprise, Juliette, qui est devant, finit par tomber nez à nez avec les deux intéressés, qui avaient contourné par le bas pour nous rattraper, et même nous doubler.
L’équipe reformée, Simon nous fait comprendre que l’on est pas en avance, et on essaie de remettre du rythme : il reste des portions faciles d’arête et de désescalade, et l’on finit par atteindre le sommet. Après la petite pause sandwich qui s’impose, on se met en route pour la descente. On rejoint rapidement un nevé, mais au moment de ranger le matos, le casque de Simon décide de se faire la malle et de descendre droit dans la pente. Il faudra donc un petit détour à notre guide pour le retrouver, puis on se retrouve tous sur le sentier qui nous ramène au refuge. Après une petite pause, on se hâte de descendre au parking, car Alain doit rentrer à Grenoble, et Solène doit aussi malheureusement prendre le train de nuit pour retourner en stage à Paris dès le lendemain. Le reste de l’équipe profite d’une nuit et d’une grasse mat’ réparatrices à Puy-saint-Vincent.
Lundi 12 juin.
Journée de transition pour les 3 chanceux qui ont pu prendre des vacances pour prolonger le stage. On se met tranquillement en route pour le Valgaudemar, ayant décidé de s’arrêter aux urgences de Gap pour la blessure de guerre de Max, tout de même assez profonde. On dépose donc le blessé à l’hôpital pendant que Juju et Hugo vont faire le plein de saucisson, fromage et autres victuailles pour les prochains jours. Après deux points de suture et un pique-nique comme d’habitude bien généreux, on repart pour La Chapelle en Valgaudemar.
Arrivée au parking, on fait les sacs et on temporise en voyant le soleil qui tape encore très très fort en ce milieu d’après-midi… Pourtant, à 17h, après avoir retrouvé Simon, il est temps de se mettre en marche pour le refuge de l’Olan et ses 1300m de dénivelé. Au bout de 20 minutes et un craquage de Juliette qui croit qu’elle va s’effondrer sous cette température caniculaire, on prend un rythme tranquille et on profite de chaque torrent pour se rafraîchir. Finalement le refuge est atteint tant bien que mal vers 20h, et l’on rejoint les 2 seuls clients du jour et la gardienne. Au menu, on se concocte, de façon très originale, une bonne plâtrée de pâtes, puis après une étude des topos et une tentative d’Hugo pour faire changer Simon d’avis concernant l’itinéraire du lendemain, au dodo car le réveil du lendemain risque de piquer…
Mardi 13 juin.
En effet, c’est à 3h30 que le réveil nous tire du sommeil. On se prépare rapidement et direction l’attaque de la classique voie Escarra à l’Olan. Après une petite heure de montée sur un sentier menant au pas de l’Olan, on prend pied sur des nevés puis finalement le glacier. Petite mise au point sur l’encordement et la progression sur glacier, et on continue jusqu’à un premier obstacle, la rimaye. Celle-ci nous fait prendre un peu de temps car la sortie, sur une grosse plaque de neige, n’est pas évidente à protéger. Hugo finit par installer un relais et Juliette rejoint le reste du groupe. C’est partie pour de la marche plus ou moins grimpante sur des vires. On alterne entre des petites longueurs et de la corde tendue, et l’on finit par déboucher à la brèche où le paysage s’ouvre vers l’autre côté du massif. On rejoint alors une magnifique arête ponctuée de petits ressauts et de passage assez gazeux, puis l’on arrive au sommet, à 3564m. La vue est magnifique et l’on repère les sommets, Sirac, Barre, Ailefroides, Meije… Bien sûr on mange un bout avant de finir par accepter le fait que l’on n’a fait que la moitié…et l’on réalise que la descente, par le même itinéraire, devrait donc nous prendre logiquement 6/7h.
On se met donc en mouvement mais finalement cela passe plus vite que prévu, et à nouveau Simon essaie de nous expliquer comment protéger en optimisant le plus possible, en zigzagant avec la corde entre becquets et blocs plutôt qu’en mettant un friend tous les mètres (ou tous les 20 mètres plutôt pour certains). Finalement après 2 rappels, on reprend pied sur la neige, que l’iso 0°C à 6000m n’a pas arrangée. C’est donc en s’enfonçant aléatoirement parfois jusqu’à la cuisse que l’on descend jusqu’au sentier puis au refuge.
Après une petite douche (moins chaude qu’aux Bans mais tout de même très appréciable), on se prépare notre dîner, pourtant alléchés par l’odeur des lasagnes cuisinés par la gardienne, qui en plus resteront inmangés après l’annulation des clients qui devaient nous rejoindre. On a donc le refuge pour nous et après avoir englouti une bonne quantité de semoule, on révise le topo de la voie du lendemain, où l’on va devoir être efficace vu les orages annoncés pour l’après-midi.
Mercredi 14 juin.
On aura eu droit à seulement une petite heure de sommeil de plus, en effet c’est à 4h30 que l’on émerge difficilement du sommeil ce jour-là. Départ 45 minutes plus tard pour le pilier Nounours et la voie de l’Ours qui fouille, une voie de trad (avec quand même pas mal de pitons) cotée ED- à cause de la présence d’une belle longueur clé en 6b/c.
Après 1h30/2h d’approche, on s’élance donc dans la voie, Simon et Hugo en tête, Juliette et Max suivant derrière. Après 3 longueurs faciles en 4/5, on attaque les difficultés avec un 6a en fissure où il faut utiliser toutes les parties de son corps pour en venir à bout. On parvient à une grande vire, d’où l’on peut admirer Hugo enchaînant majestueusement le 6c, dans un beau dièdre vertical. Sur proposition de Simon, la deuxième cordée accepte (plutôt sans hésitation), de grimper la longueur en étant assuré par le haut avec un de leurs brins. C’est donc Max qui s’élance, puis Juliette. Finalement tout le monde vient à bout de cette belle longueur à placement et c’est parti pour la deuxième moitié de la voie. On décide d’accélérer en voyant les nuages au loin et à nouveau la deuxième cordée accepte sans trop rechigner le système de tête-moulinette, qui nous permet d’aller un peu plus vite. C’est donc après quelques longueurs faciles de 4sup à 5 que l’on rejoint le sommet. Après une petite phase engueulade au vu du relais concocté par Hugo pour nous assurer, on repart en corde tendue pour rejoindre les rappels.
A partir de là la chance nous sourit, puisque nous maintenons une certaine efficacité dans les 8 rappels, ce qui plaît à Simon après le stage de cascade où l’on avait mis en gros autant de temps pour deux pauvres rappels. Mais on entend l’orage gronder donc on ne se plaint pas de ne pas coincer de corde et l’on atterrit finalement sur la terre (ou plutôt la neige) ferme. On descend finalement au pas de course au refuge, se prenant quelques gouttes au passage, mais ce n’est rien comparé au déluge qui s’abat sur la vallée peu de temps après notre arrivée. Finalement cela passe assez vite, et après avoir refait les sacs, on profite du créneau de beau pour descendre jusqu’à la vallée.
Bilan : c’était un super stage, où l’on a appris beaucoup de choses sur les manips et astuces en arête, et découvert un beau coin super sauvage qu’est le Valgaudemar. C’est dommage que toute l’équipe n’ait pas pu profiter des 5 jours, mais être en effectif réduit a tout de même permis aux chanceux d’apprendre plus de choses...
Un grand merci à Simon et au CAF Ile-de-France et RDV fin août pour un prochain stage !




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