GEE à Val di Mello : la suite du festin

Publié le 15 septembre 2025

La pluie a joué les trouble-fête sur de cette deuxième partie de stage, sans altérer pour autant la motivation du groupe. Les grimpeuses et grimpeurs du GEE sont passés par toutes les fenêtres météo pour avancer ou terminer leurs projets.

Au premier relais de Joy Division, après le premier 8b. Au premier relais de Joy Division, après le premier 8b.

C'est l'invitée surprise des expéditions. On a beau scruter son agenda et la croire ailleurs pour la saison, elle aime revoir son planning pour passer une tête à la fête, surtout quand celle-ci se déroule en montagne. La pluie s'est donc incrustée à Val di Mello une bonne partie de la semaine dernière. Mardi et mercredi, les grimpeurs et grimpeuses ont pu se réfugier dans un secteur de couenne déversant, Formaggino (ce qui signifie petit fromage en italien), goutant quelques voies en 8 sur un beau granit.

Jeudi et vendredi, les cordées de François, Caroline et Arthur, photographe et journaliste pour Grimper Magazine, et de Solène et Pierre, sont reparties dans respectivement dans Con un piede in Paradiso ((8a+, 800m, semi-équipée) et Joy Division (800 m, 8b, semi-équipée), les projets en cours au Monte Qualido (2580 m), avec l'idée de dormir sur la paroi. Confiant en madame Météo et pour alléger leur chargement, Caroline, François et Arthur avaient décoché l'option tente de leur nuitée en paroi. Or, « il a plu à mort », raconte Arthur. « Les doudounes, les duvets, tout était trempé et la paroi impraticable ». L'option redescente s'est alors imposée pour réchauffer les corps transis et faire sécher le matériel.

Les journées pluvieuses de vendredi et samedi ont cloué le groupe dans leur pied-à-terre de San Martino, le village principal du Val di Mello. Quelques grimpeurs sont retournés cocher quelques voies en 8 à l'abri des gouttes dans le secteur déversant de Formaggino.

Le soleil a repointé le bout de ses rayons dimanche après-midi, jetant tout le monde dehors.

Les acharnés du Monte Qualido, François et Caroline, sont remonté sur les cordes statiques laissées en place dans Con un piedo in Paradiso. Les talents de la cordée ont largement pu s'exprimer pour progresser sur cette paroi délicate et parfois-même touffue. « On a bien cru buter à plusieurs reprises bien avant le Martello et on abdiquera finalement à 20 m sous le sommet », ecrit Caroline sur son compte Instagram, « L'essentiel reste ailleurs, on a vécu une véritable aventure de cordée avec Babar. Cette paroi, si austère au départ, est devenue familière, au fur et à mesure de nos journées. (…) On aura grimpé des longueurs de dingue sur le Martello, dans sa zone la plus déversante. Je n'aurais jamais osé mettre les doigts dans ce projet si j'avais su que ce n'était pas notre voie. »

Louna et Pierre ont réalisé en libre Joy Division, un gros morceau avec des longueurs en 8b. Peu de mots encore pour raconter cette épopée, mais ils le seront quand le groupe sera revenu sur terre. 

Deux cordées, Tristan et Solène, et d'Elsa et Jeanne, accompagnées de Martin Baudry, le rédacteur en chef de Grimper Magazine*, ont misé sur Elettroshock (7c+-8a, 440m), au Picco Luigo Amedeo. Cette grande falaise surplombant le val di Mello se trouve à 8 km de distance et à quelque 1500 m de dénivelé de plus que le bas de la vallée. L'atteindre constitue donc déjà un jalon dans la réalisation du projet. Mais au pied de cette paroi se niche la promesse de chaleureuses soirées au sec : une sympathique petite cabane rouge au nom chantonnant de bivacco Manzi-Pirrota (2540 m). De quoi se cuisiner de bons repas chauds et au chaud.

 

Entrée plat et dessert

image

« Au départ, on avait prévu de dormir au pied de la voie, sous un caillou comme au Monte Qualido, mais l'humidité des derniers jours a rendu ce bivouac inconfortable. Nous avons décidé de marcher un peu plus jusqu'au bivacco Manzi pour mieux dormir. La cabane se voit de la falaise : nous avons vu que la porte était fermée malgré un beau coucher de soleil à admirer de la plateforme. Nous en avons déduit qu'il n'y avait personne, et c'était effectivement le cas. Les 6 places durent pour nous !  »
Les insatiables Ugo et Romain, qui avaient déjà englouti Elettroshock (7c+-8a, 440m), en début de trip, ont remis le couvert. Mais cette fois, ce sera entrée, plat et dessert sinon rien. La trilogie qu'ils se cuisinent à grandes rasades de 8 degré a le gout de la poussière et le parfum de sueur. Il Nale, un bloc en 8a, Cape Fear une 8a en fissure (réalisé par Louna la semaine précédente), et Anche per oggi non si vola, une grande voie en 8a de 370m. « 11 longueurs techniques sur les pieds », écrivent-ils sobrement sur leur post Instagram. Leur nouvelle recette s'appelle Mello Trilogy.

Les derniers jours de beau temps ont été propice à d'autres réalisations, qui vous seront relayer sur cette page !

* Martin Baudry, rédacteur en chef de Grimper Magazine, a rejoint Val di Mello en début de semaine en vue d'un prochain numéro à paraitre fin septembre dédié à la destination et au Groupe Excellence Escalade de la FFCAM. 

 

Photos d'Arthur Delicque, de Grimper Magazine.