Troisième semaine : vous reprendrez bien un peu de dalle ?
Avant de lever le camp, les grimpeurs du GEE se sont enfilés deux gourmandises avec supplément portaledge : Galactica et Joy Division.






Ils auront profité des falaises du Vall di Mello jusqu'aux derniers rayons du soleil, voire du clair de lune pour certains.
Partis dans Joy division (8b, 800m) en mode team ascent*, Louna Ladevant et Pierre Moreau atteignent le sommet en trois jours. Solène Amoros et Pierre Moreau s'y étaient déjà frottés en début de trip, mais les pluies diluviennes de la deuxième semaine avaient stoppé net leur chantier. « J'avais cette ligne majeure en tête depuis le début du trip », confesse Louna sur Instagram. Louna enchaine le premier 8b, qu'il avait repéré la veille ; Pierre le second de la quatrième longueur. « 20 longueurs entre le 5c et le 8b, peu équipées, toutes dures et exigeantes. On a même mis des runs dans des 7a.»
Dans la descente, ils croisent deux cordées qui remontent au pied du Monte Qualido ( 2590 m ), Caroline, Ugo, Tristan et Romain. Dans leur viseur, Galactica, une grande voie de 450 m, comprenant un 8a max, un 7c+ en traversée, agrémentée d'une poignée de longueurs en 7 pas piquées des vers. « La voie nous avait été mollement conseillée, mais c'est pourtant la plus belle que j'ai faite à Val di Mello », raconte Caroline Minvielle, encordée avec Hugo. « Un caillou très épuré, très lisse et très dur, sans touffe d'herbe comme on a pu en rencontrer sur d'autres lignes ». Il a été décidé d'attendre l'après-midi, que la voie passe à l'ombre, pour démarrer les hostilités, quitte à dormir en portaledge. « La chaleur ajoute une difficulté pour grimper sur ces petites réglettes et Galactica prend le soleil tôt le matin », justifie Romain Noulette. Avec Tristan Ladevant, ils constituait la cordée de tête.
« La plus belle longueur du voyage ! »






Les cordées arrivent au crépuscule dans la longueur en 8a, le gros morceau de la voie. « Tristan est d'abord monté pour équiper la voie et installer le premier portaldege, nous y sommes allés ensuite à la frontale ». Romain met un premier essai non concluant. « Pas question de reprendre ça au réveil, je ne serai pas prêt », pense-t-il. Il retente et enchaine la voie. Enchainement pour Caroline aussi, toujours à la frontale et boostée par les encouragements de ses camarades du haut de leur portaledges: « Pour le dernier passage dur sous le relais, je n'ai pas du tout fait comme m'indiquaient les copains et c'est pourtant passé. Peut-être que comme la visibilité était réduite, je faisais plus confiance aux prises et doutais moins de mes pieds ! »
La deuxième partie de la voie, qu'ils démarrent au petit matin, est plus évidente. « Contrairement à la majorité des voies de Val di Mello, qui sont assez engagées, les points dans Galactica sont relativement proches : nous avons été rarement exposés », note Romain, qui a enchainé la voie. « Cette ascension s'est faite en équipe : la première cordée préparait la voie, la seconde pouvait enchainer. Au final, toutes les longueurs ont été passées en libre », renchérit Caroline, qui garde un souvenir mémorable du 7c+ en traversée. « La longueur suivait une ligne logique constituée de fines strats de quartz et demandait des mouvements atypiques, qui nécessitent de l'envergure, tels que se redresser sur les pieds, sans prises de main, des pas d'équilibre en traversée, des pinces… C'était magnifique, la plus belle longueur du voyage ! »
« Physiquement, c'est difficile. Mentalement, c'est éprouvant »






Malgré les 4 ou 5 jours de mauvais temps qui ont quelques fois bloqué les projets, le Val di Mello reste une jolie découverte pour nos grimpeurs et grimpeuses : « C'est une destination très aventureuse, les points sont éloignés de 10 ou 20 mètres, et ce même dans les voies dures.On se sent vivre quand on grimpe ! », rapporte Arthur Delicque, qui les a suivis sur la majorité des voies. « En termes de cotation, rien n'est donné, tout est technique, les voies sont continues dans leur difficulté et comptent peu de repos. Physiquement, c'est difficile. Mentalement, c'est éprouvant. »
« On peut tout faire : du bloc, de la couenne, des petites grandes voies, des grandes voies d'envergure… Le rocher est toujours bon, toujours très beau », note Romain, qui se serait bien laissé tenter par Joy Division ou Pana, si le temps avait été plus clément. « Nous avons parfois dû ronger notre frein à cause de la pluie », admet aussi Caroline. « Mais les moments passés dans les voies ont été très forts, très beaux. »
Les contraintes météo n'ont donc pas entamé la dynamique révélée en Corse par cette équipe lors du projet 2024. Et ça aussi, c'est une croix.
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Et pour en savoir plus sur ce trip italien et le Val di Mello, lisez le dernier numéro de Grimper, dans les kiosques début octobre.
Merci à Arthur Delicque de Grimper Magazine, présent sur place pour suivre le GEE, pour les infos.
* "Team ascent" : Toutes les longueurs sont libérées par l'un ou l'autre partenaire, mais pas systématiquement par les deux. L'objectif est de gagner du temps pour se laisser un maximum de chance d'atteindre le haut de la voie. Ugo et Romain y font référence dans le compte rendu de la premire semaine.
Photos de Arthur Delicque - Grimper Magazine