Ski-alpinisme dans les Hautes-Alpes

Espoir Ile de France stage ski Hautes-Alpes

Le groupe espoir Ile-de-France a réalisé 22 au 25 avril un stage de ski-alpinisme dans les Hautes-Alpes. Retour sur des journées fructueuses…

Composé de Benoît Desvignes, Thibault de Gournay et Olivier Petit, le groupe - encadré par Yoann George et Pierrick Keller - a réalisé trois courses : le Pic NW du Combeynot, le Couloir NE de la Font Sancte et la Roche Faurio.

Voici le récit des trois jeunes skieurs :

"1er jour

Nous voici donc à l'avant-dernier stage de notre cursus de deux ans qui se déroule cette fois-ci dans les Hautes Alpes. Notre objectif initial était de faire de la goulotte et du ski de rando mais les conditions en ont encore une fois décidées autrement... Nous nous retrouvons tous le vendredi matin à la gare de l’Argentière-la-Bessée pour accueillir Yoann qui arrive tout frais du train de nuit en provenance de Paris. Le reste du groupe est déjà sur place : Thibault et Pierrick habite dans le coin tandis qu’Olivier et moi revenons tout juste du tour de l'Ailefroide en guise de préparation physique. Nous attaquons le stage par une journée de mauvais temps. Somme toute quelque chose à laquelle nous sommes habitués ! Nous décidons donc d'aller voir du côté du col du Lautaret sur les pentes du Combeynot pour apprendre (ou réviser) les techniques d'orientation et de nivologie. Au vue de la très haute difficulté et engagement de la course, Pierrick décide de venir accompagner de JB, un futur guide. Le temps se dégageant au final plus rapidement que prévu, boussole, carte et technique telle que la tangente à la courbe ne nous seront pas d'une grande utilité. La course se déroule au final assez classiquement : Thibault part comme une fusée devant, Olivier et Benoit luttent pour tenir le rythme et enfin les trois encadrants du jour montent tranquillement tout en papotant de tout et de rien.

"Pour cette première descente du stage, nous découvrons le niveau de ski de chacun. Il est globalement assez bon même si le style de certain laisse un peu à désirer. Rendez-vous est pris pour le lendemain avec encore du mauvais temps du côté de Ceillac pour aller skier un couloir et découvrir le ski de pente raide.

2ème jour

"Objectif du jour : être au départ de la course à Ceillac à 7h30, ce qui implique un réveil de bon matin, par conséquent difficile. Ce préjudice physico-mental est vite réparé par un petit déjeuner royal à base de viennoiseries sur la route. On arrive à Ceillac dans les temps et bonne nouvelle, la météo est pire que la veille !

"Je décide donc de garder ma boussole histoire de mettre en application la méthode de la tangente à la courbe vue la veille, on ne sait jamais. Après moult hésitations on se lance finalement tout droit dans la pente encore enneigée grâce aux canons à neige (comme quoi les stations de ski ça à du bon, en l’occurrence nous éviter une bonne grosse heure de portage). Olivier semble avoir trouvé une bonne méthode pour avancer : de la grosse techno à 130 BPM, il n’y a que ça de vrai !
Ci-contre : La météo classique lorsque les parisiens sortent en montagne ! Heureusement que le téléski est là pour donner le cap.

"On arrive sans encombre au col surplombant le Lac Sainte Anne et un rapide coup d’oeil vers les nuages nous permet deviner le couloir que nous avons dans le collimateur. Ce qu’on remarque également rapidement, c’est une magnifique plaque de 100m de large qui est partie juste au dessus du lac sur une pente orientée exactement comme notre beau couloir. Cela combiné à une neige qui "woufe" sous nos skis ne nous inspire pas un niveau de confiance maximum, c’est le moins qu’on puisse dire ! On en profitera donc pour faire un ptit cours de nivologie, et vu le nombre de coulées au mètre carré dans les alentours, le moins qu’on puisse dire, c’est que les stagiaires écoutaient sagement la bonne parole !

"On file finalement vers une pente moins exposée rejoignant le sommet de notre couloir et c’est alors que presque arrivés au sommet, Pierrick décida qu’Olivier n’en avait pas eu assez de 1400m de montée et que 60m supplémentaires l’aideraient à maintenir sa ligne. Qu’à cela ne tienne, une petite coulée plus tard et on entend quelques cris traduisant une petite peur mais surtout l’énervement provoqué par le fait de devoir remonter cette dernière pente en plein vent. Finalement tous en haut et tous vivants Pierrick se fait assurer pour tester ce fameux couloir : si ça se trouve on va enfin pouvoir réaliser un de nos objectifs ! Finalement, nos deux encadrants décident de remonter et nous redescendons par notre itinéraire de montée en s’offrant quelques virages en poudre fort agréables.
De retour au col, il semble que quelqu’un avait réussi à subtiliser nos skis pour les farter au reblochon tellement ça ne glissait pas ! Certaines rumeurs disent que l’objectif était de freiner Thibault à la montée mais c’est raté…

"De retour au camp de base dans le chalet de Pierrick, il est temps de parler des objectifs du lendemain : dans le collimateur la célèbre voie Bonatti (sortie Keller bien entendu) au Pic Coolidge et à la journée ! Celle-ci promet d’être longue avec 2000m de dénivelé à dégommer, dont une bonne partie les skis sur le dos !

"Un rapide coup d’oeil au bulletin des risques d’avalanche et un sens aigu de la survie nous font rapidement ravaler notre enthousiasme, mais la déception sera vite gommée par une soirée conviviale chez Pierrick autour de mets et boissons de qualité.

3ème jour

"C’est donc après une bonne nuit de sommeil que nous nous retrouvons au Pré de Mme Carle sous un ciel bleu et ensoleillé jamais vu dans l’histoire du groupe. Objectif du jour : monter au Refuge des Écrins, ce qui ne devrait pas poser trop de soucis à notre équipe maintenant bien affutée. Ce qui aurait posé souci en revanche, c’est d’être dans la voie Bonatti du Pic Coolidge. En effet, alors que nous portons tranquillement nos skis sur le bas du sentier, cette magnifique face est prenant le soleil depuis tôt ce matin décide de se décharger de la neige tombée la veille. Toute vie alpinistique présente à ce moment est alors balayée : heureusement plus de peur que de mal pour la cordée de deux personnes engagée dans la face qui requerra l’intervention du PGHM. La décision de renoncer la veille ne nous aura jamais paru aussi bonne !

"Quelques heures plus tard, nous arrivons au confortable refuge où nous nous délectons de pâtes carbonara servies en quantité suffisante pour nourrir tout un régiment de chasseurs alpins. Après une petite sieste dans le dortoir des guides (et oui, nous sommes des privilégiés) et c’est déjà l’heure du festin qui nous servira de repas. La nuit fut calme et paisible.

4ème jour

"Pour ce dernier jour du stage, départ prévu à 6h pour remonter le couloir sud de Roche Paillon et enchaîner avec la traversée de l’arête homonyme. Etant donné la chaleur dans la vallée, on s’est tous décidé à partir light sans trop de vêtement. Quelle erreur ! Dans la nuit, le vent rugissant aux fenêtres laisse présager une journée dantesque. Au matin, le thermomètre annonce -10 degrés et le vent avoisine les 80 km/h, des conditions dignes de l’hiver. La décision est vite prise de ne pas aller se mettre en plein vent sur une arête au grand soulagement de tout le groupe. Nous nous reportons donc sur Roche Faurio, sommet classique et nettement plus accessible. Malgré ce changement d’objectif, nous ne sommes pas des plus motivé pour sortir dehors affronter le froid. Il faut finalement se résoudre à sortir et ne pas trainer pour ne pas geler sur place.

"Après la courte descente menant au glacier Blanc, le moment est venu de mettre les peaux de phoques. Nous en retiendrons tous une chose : les peaux avec du gel ne collent pas quand elles sont gelées…Thibault en fait les frais et se retrouve avec un ski sans peau. Heureusement Pierrick a toujours un coup d’avance et invente la peau made in Keller (le brevet est déposé et va révolutionner le ski de randonnée : un peu d’eau sur le ski, 10 secondes d’attente et hop c’est bon! L’eau gelant sur le ski, elle fait office de peau. On repart donc comme si de rien n’était et atteignons le sommet sans trop d’encombre. Pour une fois, Thibault n’arrive pas au sommet en premier, la peau Keller n’étant quand même pas la plus efficace du marché !

"La descente se fait tranquillement jusqu’au Pré de Madame Carle et clôture ce stage qui n’aura été finalement qu’un stage de ski de randonnée. Malgré la petite déception de n’avoir pas utilisé les piolets et crampons, nous avons appris encore une fois plein de choses et repartons vers Paris avec de bons souvenirs !

"A cet été pour aller tâter du granite à Cham’ !"