Nadine Buès : « La dynamique éco-mobilité est enclenchée »
Nous ne ferons pas que festoyer samedi 6 avril, à Chambéry, pour les 150 ans du Club alpin, les neurones vont aussi travailler avec une série de tables rondes sur les sujets qui agitent le monde de la montagne. L'éco-mobilité dans nos activités sera ainsi l'un des thèmes décortiqués, avec, notamment, le retour d'expérience de Nadine Buès. Co-responsable de l'École d'aventure de Chambéry, elle a cette année orienté les déplacements du groupe vers de la mobilité douce. Son interview ci-dessous.





Nadine Buès n'est pas responsable de la mobilité pour une collectivité, ni spécialiste du voyage à vélo. Co-responsable de l'École d'aventure du Club de Chambéry, elle et son équipe ont pourtant mis en place, poussés par les jeunes du groupe, un cycle de sorties en éco mobilité. En apparence, rien de compliqué, du moins sur le papier. Son interview, qui donne un aperçu de son expérience à quelques jours de son intervention samedi 6 avril, permet de mesurer le poids de cet engagement pour un groupe.
Comment ce projet est arrivé à l'École d'aventure de Chambéry ?
Nadine Buès : Pour les 150 ans, nous souhaitions donner deux axes forts à nos projets de sorties. Le premier était de sensibiliser les jeunes sur la ressource en eau. Nous avons ainsi organisé des sorties canyoning et spéléos, pour comprendre le cycle de l'eau, un week-end à la Mer de glace, pour se figurer la fonte des glaciers, des rencontres avec des chercheurs… Le deuxième, qui s'imbrique finalement dans le premier, était de développer une approche éco-responsable de nos pratiques en montagne. Nous avons donc opté pour des destinations joignables en transports en commun, telles que Chamonix, Belledonne ou la Maurienne. Dans une semaine, nous partons aussi en Suisse, toujours en train, pour un raid à ski dans la région de l'Oberland. À noter notre tour de chauffe l'année dernière avec une sortie grimpe du côté d'Aix-les-Bains en transport en commun. Dans cette démarche, nous avons aussi appris à évaluer l'empreinte carbone de nos sorties, à partir d'applications disponibles.






Quels sont les premiers retours, aux trois quarts de l'expérience ?
N. B. :Voyager en mobilité douce est un travail de longue haleine, qui demande d'une part beaucoup de temps pour chercher l'information, appeler les offices de tourisme, effectuer les réservations, trouver les connexions. Pour notre raid en Suisse, heureusement qu'un parent a pu dégager du temps pour faire ce travail de logistique, qui lui a pris des heures ! D'autre part, c'est plus couteux. Les tarifs de groupe, quand ils existent, restent malheureusement bien moins avantageux que de louer un minibus pour une vingtaine de jeunes. Aussi, il faut prévoir plus de temps de transport pour rejoindre le départ des activités. Pour notre sortie à la Mer de glace, nous sommes partis de Chambéry à 6h, pour commencer à marcher à 13h, sous un soleil de septembre aussi brûlant qu'en plein été, après trois changements de train. Lors des temps d'attente, nous avons fait des manips de cordes pour faire passer le temps !






Parfois, nous avons dû renoncer, comme pour la Maurienne: le temps de transport prenait la moitié du week-end, alors nous sommes revenus à nos vieux minibus ! Ou parce que les connexions étaient tout simplement inexistantes. Au contraire, rejoindre Belledonne en mobilité douce s'est avéré assez aisé. De façon générale, à l'intersaison, l'offre de transport en commun est souvent réduite.
Dernier blocage enfin, administratif cette fois, celui de l'assurance : en tant que licenciés, nous sommes couverts pour nos activités de montagne, y compris le VTT, mais pas pour un déplacement qui se ferait à vélo pour rejoindre le lieu de pratique. C'est un point à discuter, et à faire certainement évoluer.






Allez-vous poursuivre la démarche l'année prochaine, ou revenir à « vos vieux minibus » ?
N.B. :Les jeunes que nous formons sont en général très au courant des enjeux environnementaux et très investis sur la question. Ils sont donc à fond pour l'éco mobilité ! Cette thématique correspondait d'ailleurs à une attente de leur part, et aussi à une appétence de notre guide, Florian Gallice, très engagé aussi pour l'éco mobilité en montagne. Cette sensibilité s'est accrue, sans doute encore accrue avec notre travail d'information sur le réchauffement climatique, la ressource en eau… Par exemple, la quantité d'échelons à descendre pour rejoindre le glacier de la mer de Glace a été un moment marquant pour les jeunes, et nous allons revivre une expérience similaire dans l'Oberland, pour accéder aux refuges. Alors, malgré la réalité du terrain, le manque d'infrastructure, les lacunes dans l'intermodalité, il serait difficile, voire incompréhensible, pour eux de revenir en arrière. La dynamique de l'éco-mobilité est enclenchée.
Présentation du projet
Pour participer à la table ronde, le programme et les liens pour s'inscrire ci-dessous :
En présence de : Petzl, Goodloop, Whympr, LPO/ASTER, le Parc national de la Vanoise, les Éditions du Mont-Blanc, les Éditions Guérin-Paulsen, Ternua, Triple Zéro et Recco - API-K
19h
Apéritif et tarti'Cafiste !
Grand concert Années 80 du Big Ukulele Syndicate
DES ÉVÈNEMENTS DANS ET AUTOUR DE CHAMBÉRY TOUTE LA SEMAINE
Des sorties encadrées et des sessions de formation à la journée
** PROGRAMME ET CONTACTS POUR INSCRIPTIONS ICI **
Des conférences
"Avalanches, comment réduire le risque"
par Olivier Moret et Philippe Descamps,
le mardi 2 avril à 20h à la salle Jean Renoir à Chambéry.
** INSCRIPTIONS ICI **
"Des Alpes à l'Himalaya la cartographie des vigilances"
par Paulo Grobel, guide de haute montagne,
le jeudi 4 avril à 20h à la salle Jean Baptiste Carron à Chambéry.
** INSCRIPTIONS ICI **
Inscrivez-vous vite et invitez vos ami(e)s licencié(e)s !