Manuel Brechignac






Qui es-tu et d'où viens-tu ?
Je m'appelle Manuel Brechignac et j'ai 29 ans. J'ai grandi à Sallanches en Haute-Savoie et maintenant j'habite près de Briançon l'été et à Tignes l'hiver.
Comment es-tu venu à la pratique de la montagne ?
J'ai toujours été en montagne depuis très jeune, je suivais mes parents en ski de randonnée, en randonnée, un peu en escalade, mais ils ne faisaient pas vraiment d'alpinisme. J'ai commencé le parapente à 13 ans, et j'ai suivi le cursus de haut-niveau : j'ai été au pôle France pendant quatre ans et j'ai fait trois saisons en Coupe du monde. Quand j'ai arrêté la compétition, je me suis mis à grimper énormément. J'ai découvert une autre manière de faire du sport, et j'ai tout de suite adhéré à l'esprit de cordée : à l'inverse du parapente où tu es tout seul, en montagne il faut être deux pour réussir. C'est comme ça que je me suis mis à faire de plus en plus de montagne.
Quel est ton sport de prédilection ?
Je suis adepte de tous les sports qui jouent d'un élément extérieur. Je me considère aussi bien grimpeur, alpiniste et parapentiste. Mais aujourd'hui je cherche à me spécialiser dans une discipline car je ne peux pas tout faire à fond, c'est un équilibre à trouver.
En as-tu une pratique professionnelle, ou envisage-tu d'en faire ton métier ?
Je suis déjà moniteur de ski et moniteur de parapente. Je suis aussi aspirant guide, qui est un peu le diplôme qui me permet de tout faire. J'ai décidé de vivre de l'enseignement sportif à l'année : varier entre les trois diplômes me permet d'éviter la routine et de changer d'activités. Je commence à avoir ma propre clientèle et je suis un des seuls guides à pouvoir proposer des sorties mixant à la fois le parapente et l'alpinisme.
Qu'est-ce qui t'a poussé à intégrer le GEAN ?
J'étais en coloc' avec des copains qui étaient dans les anciennes promo du GEAN, j'avais donc une bonne vision de ce que c'était. J'avais envie de rencontrer des gens sympas, et de découvrir la très haute-montagne avec des coachs derrière moi qui ont de la bouteille. Ça a été un choix assez dur à faire pour moi car j'étais très proche de Gab et Louis, qui sont morts au Népal cet automne, mais j'ai décidé d'y aller quand même pour leur succéder.
Quelles sont tes plus belles réalisations en montagne ?
Des voies où je suis redescendu en volant ! L'« Hypercouloir » en face sud du mont-Blanc, la « Brown-Patey » à la journée depuis le Montenvers en face ouest de l'Aiguille Verte, ou la voie « Pierre Allain » aux Drus. Redescendre en volant après une course d'alpinisme, c'est magique !
Et celles que tu rêverais réaliser ?
Je rêve d'aller en très haute-montagne, au-dessus de 6000 mètres d'altitude. Je ne suis jamais monté au-dessus de 4800 mètres, j'aimerais voir ce que ça fait ! Sinon, j'aimerais bien faire « Divine Providence » au Grand Pilier d'Angle, c'est le côté un peu sauvage et méconnu de cette voie qui m'attire. Et j'ai comme projet à court terme d'aller grimper des Big Wall au Groënland. Mais surtout, je ne me fixe pas de gros objectifs, je veux faire ce qui me fait plaisir sans prendre de risques.
As-tu une personnalité que tu admires ? Une personne a qui tu dois beaucoup ?
Il y a beaucoup de gens dont j'admire les réalisations. Mais ceux que j'admire le plus sont ceux qui font de la montagne pour eux, sans le côté médiatique et sans se soucier de ce que ça peut représenter. Par exemple, Tiphaine Duperier et Boris Langenstein, c'est des gens qui ne disent rien à personne, qui ne sont pas médiatisés et qui font des choses folles ! Ils n'ont pas de sponsors et font des prêts à la banque pour partir en expédition, je trouve que c'est un exemple à suivre.
Une anecdote croustillante d'une aventure en montagne à raconter ?
Un moment où on s'est planté avec un copain : on a passé deux jours dans la face nord des Drus. On n'a pas trouvé le point stratégique de la voie et on s'est retrouvé pris au piège au milieu de la face immense, avec pas d'autres choix que de sortir à vue ! On était incertain que ça passe, mais on n'allait pas rester là donc on est sorti tout droit ! C'était un des moments les plus forts pour moi en alpinisme.