Pierre Girot

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Qui es-tu et d'où viens-tu ? Une profession, des études ?
Je suis originaire de la région lyonnaise et je vis à Annecy depuis un peu plus de quatre ans. Je suis ingénieur en conception produits au sein d'une agence spécialisée dans la chaussure de sport outdoor (trail, alpinisme, escalade, randonnée).

Comment es-tu venu à la pratique de la montagne ?
J'ai démarré l'escalade dans un petit club, Mousteclip (Saint-Genis-Laval dans le Rhône,ndlr), quand j'avais 10 ans. Petit à petit,  j'ai découvert avec des copains la falaise,  les grandes voies, puis le trad et les courses d'arête, le ski de randonnée, la cascade de glace, le mixte. J'ai eu la chance de participer à de nombreux groupes qui m'ont permis de découvrir ces nouvelles facettes de la montagne : les équipes jeunes escalade du Rhône, le club de montagne de mon école d'ingénieur, le groupe Espoir alpinisme FFCAM Haute Savoie… Mon expérience de la montagne s'est réellement construite à travers ces groupes.

En as-tu une pratique professionnelle, ou envisages-tu d'en faire ton métier ?
Ma pratique de la montagne influence déjà mon métier aujourd'hui. En effet, pratiquer et comprendre le domaine sportif pour lequel je développe des produits est un véritable atout. Je souhaite également m'engager dans la formation pour devenir guide de haute montagne, car j'ai à cœur de transmettre ce que je vis là-haut.

Quel est ton sport de montagne d'excellence ?
On ne peut pas dire que j'ai un point fort particulier, mais la discipline à laquelle je me suis plongé dernièrement et qui, je crois, m'attire le plus aujourd'hui, est le mixte de haute montagne. S'engager dans des grandes faces, avec des combinaisons de roches, de glaces et de neige, avec des contraintes logistiques, des conditions à prendre en compte, je trouve ça vraiment intéressant.

 

 

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Quelles sont tes plus belles réalisations en montagne ?
J'en note deux : la voie Lesueur en face nord des Drus l'hiver 2024, avec un bivouac au sommet. Cette course très complète a rassemblé pour moi beaucoup d'éléments de ce que j'aime en montagne : un challenge technique, de la verticalité, une vraie immersion avec deux bivouacs, un au pied et un second au sommet. Puis, l'intégrale de Peutetey pour la beauté de la ligne et l'ampleur du voyage. Je ne pense pas qu'il y ait de plus bel itinéraire pour monter au sommet du mont Blanc.

Et celles que tu rêverais de réaliser ?
La liste est longue, très longue ! Je citerais la voie du Reactor, 1000m, ED+, 6b/M7, WI5+, R, en face nors-ouest de l'Ailefroide, De l'or en barre, ED+ 6a+>6a A1 V 5+ M7, en face sud de la barre des Écrins (toutes deux dans le massif des Écrins, ndlr) ou même Base en face ouest des Drus (massif du Mont-Blanc, ndlr).

Une personne que tu admires ou à qui tu dois beaucoup ?
Le premier nom qui me vient en tête est celui de Bastien de Lattre. Il était président et diplômé d'État au sein de mon club d'escalade quand j'étais jeune, et c'est clairement lui qui m' a donné le goût de la grimpe. Je trouve qu'il y a tellement de personnes inspirantes, sur tant d'aspects différents, qu'en sélectionner une seule est très difficile !

Une anecdote ou une aventure en montagne ?
Lors du premier jour sur l'intégrale de Peuterey avec Sylvain Pelous, nous sommes partis du parking pour aller bivouaquer au sommet de l'aiguille Noire. Fin juillet 2022, les journées étaient caniculaires, et on avait estimé avoir besoin de cinq litres d'eau à deux pour cette première journée. Spoiler : c'était beaucoup trop peu ! Vers 14 h nous étions déjà quasiment à sec et pas le moindre névé sur l'arête pour nous permettre de faire fondre de la neige. Nous avons alors, d'un commun accord, décidé que Sylvain allait finir l'eau qu'il nous restait, et, étant donc le mieux hydraté de nous deux, allait uriner dans une bouteille, qui nous servirait à faire la soupe le soir. Quant à moi, je ferai le chameau. Je ne suis pas certain que la méthode soit éprouvée, mais c'était bien dans de l'esprit Mike Horn ! Nous avons tenu ce plan à la lettre, jusqu'au rappel de la dernière dent de la Noire, vers 20h, où un miraculeux petit bout de glace nous a permis de faire trois litres d'eau, nous sauvant ainsi in-extremis de la soupe à l'urine.

Qu'est-ce qui t'a poussé à vouloir intégrer le GEAN ?
La force du collectif. L'alpinisme n'est pas ce qu'on appelle un sport collectif, mais on peut y retrouver des parallèles qui fonctionnent vraiment. Et je pense qu'un groupe comme le GEAN crée cette énergie même dans nos pratiques individuelles, avec du soutien, de l'inspiration, de l'émulation, des encouragements. C'est partager tout ça au travers de ma pratique de la montagne qui m'a poussé à candidater au GEAN. 

 

 

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