Damien, gardien du refuge des Ecrins

refuge des Ecrins - FFCAM refuge des Écrins ©Facebook du refuge
Quel a été ton parcours avant d’être gardien du refuge des Écrins ? 

Je suis originaire des Vosges et, déjà tout gamin, je passais mon temps dans la nature, à parcourir la forêt. J’aimais surtout l’hiver, la neige. A 15 ans j’ai commencé à m’orienter vers les pratiques de montagne, et suis rentré dans une équipe de secours en montagne vosgienne. C’est là que j’ai découvert l’escalade, l’alpinisme - notamment dans le Massif du Mont Blanc - et le ski de rando. Tout cela avec l’attirail de l’époque (chaussures en cuir…). Ces expériences, associées à mes lectures de montagne, ont façonné mon rêve de gamin : devenir guide de haute montagne. A 20 ans j’ai décroché mon premier poste d’aide gardien de refuge dans les Vosges, au chalet universitaire de la Schlucht, un gros bâtiment de 90 places ouvert à l’année. J’y suis resté plus de 2 ans avant de partir pour le service militaire au Peloton de Gendarmerie de Montagne. A la sortie, je suis parti pour la Haute Savoie. Là, j’ai été pisteur secouriste aux Contamines pendant 6 ans, en même temps que moniteur d’alpinisme à l’UCPA. Je faisais aussi quelques portages et je donnais la main aide au service dans l’ancien refuge des Conscrits.


Puis j’ai pointé le bout de mon nez dans le Dévoluy, à La Cluse, ou j’ai travaillé comme accompagnateur en montagne et pisteur l’hiver. En 95 j’ai pris le gîte de l’Yvraie que nous avions rénové avec un copain. Je l’ai tenu pendant 11 ans avant de partir, en 2006, pour le hameau d’Ailefroide et le refuge de Leï Mendi, un hébergement construit par les apprentis de la mine de Gardanne. En 2013, retour à la haute montagne, avec le refuge du Pelvoux, que je tenais l’été, alors que je gardais l’hiver le chalet de l’Eychauda dans la Vallouise.

Damien Haxaire au refuge des Ecrins ©Thibaut Blais - collection FFCAM Damien Haxaire ©Thibaut Blais - collection FFCAM
Qu’est ce que tu aimes particulièrement dans ce métier ? 

Au début, ce qui m’a attiré dans le métier de gardien de refuge, c’était de faire partie de ce milieu de la montagne, d’être dans un réseau de gens qui aimaient aller en montagne, échanger sur les courses et les conditions.

Mais j’ai découvert plus tard - à partir de mon expérience à La Cluse - que j’adorais cuisiner. J’aime que les personnes qui me rendent visite soient contentes de leur séjour, et la cuisine est une part importante de cette satisfaction. En cuisine, j’aime créer, que les menus et les plats changent de jour en jour, selon ce que je souhaite apporter aux gens.

J’aime aussi échanger avec les gens venus de tous horizons pour pratiquer, leur passer des infos, comprendre comment ils organisent leur sortie, ce qu’ils viennent chercher en montagne. Je prends par exemple beaucoup de plaisir à faire mon briefing sur les conditions du lendemain et la sécurité chaque soir au refuge.

refuge des Ecrins ©Thibaut Blais - collection FFCAM refuge des Écrins ©Thibaut Blais - collection FFCAM
Quelle est pour toi la particularité du refuge des Ecrins  ? 

D’abord, c’est un public d’alpinistes et de skieurs qui fréquente ce refuge. Il y a dans ce cadre beaucoup de gens qui se dépassent pour vivre de belles expériences en montagne.

L’environnement haute montagne est particulièrement beau et impressionnant, entre glacier et rocher, depuis le promontoire où se situe le refuge.

Personnellement j’avais l’expérience de gardiennage de refuges d’altitude, et par ailleurs de gros hébergements de vallée. Le refuge des Ecrins constitue un challenge qui réuni ces deux facettes. Il s’agit d’un hébergement de grande capacité, mais avec les contraintes du milieu haute montagne.

Enfin, dans ce contexte, j’aime travailler en équipe. Manager une équipe est un rôle que j’ai découvert, et qui est très enrichissant. Cela oblige à prendre des décisions, des orientations, mais aussi à se remettre en question, à être à l’écoute. Chacun apporte sa contribution, de nouvelles idées, et l’équipe se soutient dans les moments les plus difficiles.

Qu’est ce que tu proposes en restauration ?  

L’esprit de ma cuisine, c’est un peu comme à la maison du temps de mon enfance. Tout est fait maison. On transforme tout sur place. Nous n’avons pas de menu fixe, mais décidons la veille pour le lendemain selon l’inspiration et les produits à disposition. L’essentiel est que ce soit bon, et en quantité, pour mettre les alpinistes dans les meilleures conditions possibles pour réaliser leur projet.

On s’adapte à tous les régimes spéciaux à partir du moment où on le sait à l’avance. Pensez donc à nous prévenir au moment de la réservation.

Le soir, nous proposons un potage en entrée (traditionnel aux légumes, pois cassées, dal…), puis un plat de viande, légumes et féculents, fromage et dessert maison.
Nous pouvons proposer par exemple un sauté d’agneau aux abricots, une blanquette de veau « comme ma grand-mère », des crozets aux champignons…  Et en dessert, vous mangerez peut être une petite renverse aux fruits rouges.

Le petit déjeuner, complet et sucré, est composé d’une boisson chaude (avec du vrai café !), un jus de fruit bio, des céréales (muesli et cornflakes), du pain fait maison, de la confiture locale ou maison, du miel des Hautes Alpes. Parfois, lorsque nous avons un peu plus de temps, nous préparons une brioche ou un cake maison.

Le midi, nous pouvons préparer à la demande (en réservant à l’avance !) des omelettes, pâtes carbonara, gâteaux maison.

Côté boissons, nous proposons la bière de Briançon, la Tourmente, ou celle de Valloire, la Galibier.

80% de nos produits sont locaux, si possible bio. Les fruits, légumes, fromages, proviennent d’Echanges Paysans. La viande provient de la Société Alpine de Boucherie (production Hautes Alpes et Drôme). La farine est bio. Le miel provient d’un petit producteur du sud du département, ainsi que la confiture (lorsqu’elle n’est pas faite maison).

Quelle est ta spécialité ?  

Le pain est fait maison, par le gardien, lui-même et lui seul, à partir d’une farine complète et de seigle. A plus de 3000m d’altitude, nous arrivons même une partie de la saison à faire du pain au levain !

Le péché mignon du gardien, ce sont les choux à la crème faits au refuge. Mais attention, il faut arriver dès qu’ils sont faits pour avoir la chance d’y gouter !

Equipe de gardiennage du refuge des Ecrins refuge des Écrins ©Thibaut Blais - collection FFCAM
Comment s’organise l’accueil et l’hébergement dans le refuge  ? 

Nous invitons tous nos clients à réserver en amont de leur séjour, notamment en haute saison. Durant cette période, il peut nous arriver si le refuge est plein et si les conditions et l’horaire le permettent, de devoir refuser des clients qui sont montés sans réservation, mais qui pourront le cas échéant dormir au Glacier Blanc. 

La vie en collectivité et le partage sont les piliers de la vie en refuge.

Dès votre arrivée au refuge, vous serez pris en charge et les places dans les dortoirs vous seront attribuées. Nos 116 places sont réparties en 5 dortoirs : un dortoir de 24 places, 3 dortoirs de 20 places et un dortoir guide de 12 places. Le couchage est organisé en bas flancs avec des lits côte à côte. Des cloisons mises en place récemment permettent de créer des box de 2 à 4 places, donc de gagner en confort et en intimité. Nos lits sont bien équipés de couettes récentes (hors période de crise sanitaire). Pensez à amener votre drap-sac pour une nuit confortable.

Les repas se prennent en commun dans la grande salle de restauration, qui dispose d'une partie dédiée aux alpinistes souhaitant faire eux-même leur repas. La salle est équipée d'un poêle à bois permettant de se réchauffer et de sécher les affaires les jours de mauvais temps. Le service des repas et petits déjeuners se fait aux heures définies par l'équipe du refuge.

Le refuge dispose de 4 sanitaires accessibles durant la saison estivale. Au printemps, la seule ressource en eau provient de la fonte de la neige, celle-ci est donc exclusivement destinée à la restauration, une fois bouillie, et à l'entretien. Les sanitaires sont donc fermés durant cette période. Nous vous proposons pour boire uniquement de l'eau minérale en bouteille. 

Les réserves d’eau relativement faibles ne permettent pas d’ouvrir de douches quelque soit la saison.

refuge des Écrins - FFCAM refuge des Écrins ©Site du refuge
As-tu des indications sur l’histoire et la conception du bâtiment  ? 

Une première cabane en bois a été érigée en 1903, le refuge Caron, sur le même éperon rocheux que l’actuel refuge. Il dominait alors de glacier de quelques dizaines de mètres seulement. La cabane a malheureusement brûlé en 1921. La reconstruction de 1922 d’une nouvelle cabane en bois a laissé quelques traces sur la terrasse de l’actuel refuge. Il s’agissait d’un refuge non gardé de 40 places environ.

La construction du refuge actuel, en pierre, a démarré dans les années 60, pour une inauguration en 1969. Solide bâtisse en pierre, il a néanmoins subi les assauts du temps et de son environnement d'altitude, le confort y est donc...relatif. Peu de chauffage, peu d'eau et peu d'énergie sont les constantes classiques d'un refuge de haute-montagne, on y pallie par une gestion rigoureuse des ressources et par une bonne dose de convivialité et de bonne humeur.

Comment se décline la notion d’écologie au refuge ? 

Côté cuisine, nous nous fournissons au maximum auprès de producteurs locaux, afin d’encourager les circuits courts. Pour les pique-niques, les emballages sont, tant que faire se peut, en papier ou en carton.

Le bois de chauffe est également local (origine Hautes Alpes).

L’électricité est fournie pas des panneaux photovoltaïques et une éolienne. Pour recharger votre téléphone ou votre GPS, nous pouvons vous fournir un petit panneau solaire, mais nous ne pouvons le recharger (sauf impératif) sur le réseau du refuge.

La production de déchets est réduite au maximum. Nous optimisons les emballages auprès de nos fournisseurs. De plus, nous faisons un tri sélectif important au refuge. Le recyclable est compacté, le verre est trié, le compost est rendu à la nature, cartons et cagettes alimentent le poêle. Ces efforts font que la production de déchets à redescendre par hélico représente environ 1m3 pour environ 3 semaines de fonctionnement avec un refuge plein.

 

Nous invitons nos clients à redescendre les emballages amenés là-haut, nous récupérons tout ce qui est fourni par le refuge.

refuge des Ecrins - FFCAM Préparation au ski de rando ©Thibaut Blais - collection FFCAM
Quels sont les p’tits conseils du gardien ? 

La montée au refuge des Ecrins, au-delà du refuge du Glacier blanc, est un itinéraire de haute montagne nécessitant de mettre en œuvre des techniques de progression en alpinisme.

A l’altitude du refuge (3170m), le climat est très différent de celui de la vallée, avec une perte de température de 10 à 12 °c en moyenne. Nous sommes dans un environnement glaciaire, où règnent le vent et la neige. Il est nécessaire de prévoir son équipement en conséquence contre le froid, qui se fait sentir de manière significative dès le coucher du soleil (doudoune, pantalon de montagne, gants, bonnets…).

 

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Pour réserver

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Période de gardiennage

Eté : du 1er juin au 30 septembre 2021

Les activités praticables autour du refuge

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Escalade   Escalade
Parapente   Parapente
Paralpinisme   Paralpinisme




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