Ludmilla et Camille, co-gardiens du refuge de la Lavey






Quel est votre parcours avant de devenir les gardiens du refuge de la Lavey ?
Camille, le touche-à-tout pyrénéen
Ayant grandi dans les Pyrénées Orientales et ma famille tenant le refuge de la Carança, j’ai commencé tout jeune à passer du temps en montagne. Les premiers liens que j’ai tissés avec les refuges datent de mes 2 ans et demi. Une photo témoigne d’un petit garçon, très fatigué de sa montée au refuge de la Carança, dormant la tête dans son assiette de pâtes à la carbonara. Dès mes seize ans j’ai commencé à travailler l’été au refuge avec ma tante, alors que durant l’année, je préparais mon bac pro en menuiserie. A 20 ans, j’ai gardé le refuge à mon tour durant les saisons estivales, alors que j’étais pisteur secouriste l’hiver à Font Romeu.
J’ai toujours pratiqué la montagne, l’escalade, le ski. J’ai pu découvrir et progresser dans ces activités grâce aux équipes jeunes du Club alpin français de Prades, de Perpignan, puis dans l’équipe espoir Languedoc Roussillon, et enfin dans l’équipe nationale de ski-alpinisme (GESAN). En parallèle, j’étais membre du pôle espoir de biathlon à Font Romeu. C’est par le ski alpinisme et le trail que j’ai été amené à me rapprocher du massif des Ecrins, un massif vaste, encore sauvage, empli de possibilités qui rassemble beaucoup de grandes compétitions dans ces disciplines.






Ludmilla, un parcours entre art et montagne…
Originaire de Bretagne, j’ai grandi tout près de Brocéliande, entourée par la forêt. J’ai découvert la montagne par la randonnée, dans les Alpes et les Pyrénées, et par le ski de fond dans les grands espaces enneigés du Jura. Durant mon enfance et mes études, j’étais plongée dans le milieu artistique : arts plastiques, musique, théâtre. J’ai démarré mes études par une école d’architecture, et j’ai poursuivi aux beaux arts, dans le domaine du design. Ces études m’ont permis d’expérimenter de nombreuses techniques et d’exprimer ma créativité.
J’ai quitté la Bretagne à pied pour voyager loin, et finalement je me suis arrêtée dans les Pyrénées, notamment dans la vallée de la Carança. J’ai travaillé dans le refuge de la vallée en tant qu’aide gardienne, ainsi que dans les refuges des Camporells et de la Calme. Nous avons ensuite migré vers les Alpes, où j’ai travaillé au refuge de Ricou dans la vallée de la Clarée. J’ai appris dans ces refuges, au sein d’équipes différentes, à m’adapter à des organisations et des façons de faire très différentes.
Aujourd’hui, en parallèle du gardiennage du refuge de la Lavey, je poursuis mon activité dans le graphisme puisque je monte mon atelier de sérigraphie.
Qu’est ce que vous appréciez particulièrement dans ce métier ?
Avant toute chose, nous aimons être plongés dans l’environnement montagnard, y accueillir des visiteurs et participer à leur immersion dans cet environnement.
La polyvalence associée à ce métier nous plaît aussi beaucoup. En effet, un gardien de refuge, c’est un cuisinier, un montagnard, un bricoleur, un communiquant…
Nous aimons bien évidemment cuisiner, expérimenter de nouvelles recettes, valoriser des produits que l’on a choisi et que l’on aime travailler.
Enfin, le travail en refuge est le travail d’une équipe, d’une famille, au sein de laquelle nous partageons tâches quotidiennes, émulations et péripéties durant quelques mois.






Quelle est la particularité de ce refuge ?
Le refuge de la Lavey est situé dans un petit hameau d’alpage au cadre très accueillant et bucolique. Il constitue une petite oasis agréable lovée au cœur des rudes montagnes de l’Oisans.
Ce refuge accueille une grande diversité de visiteurs, de l’alpiniste expérimenté aux jeunes enfants venus dans un cadre familial.
Par ailleurs, ce hameau d’estive est un lieu de pastoralisme. Aussi, nous partageons notre quotidien avec les bergers dans la convivialité.
Enfin, le refuge est situé dans le Parc National des Ecrins. Ce contexte fait que nous sommes au cœur des questions de protection de l’environnement montagnard, au plus près des grands espaces à protéger.
Comment s’organisent l’accueil et l’hébergement dans le refuge ?
La diversité des publics accueillis au refuge joue un rôle important dans l’organisation des dortoirs. Les dortoirs sont donc répartis entre familles et alpinistes, aux heures de réveil différentes. Les dortoirs ont des capacités de 10 à 15 places et sont organisés en bas flancs.
Le repas du soir est servi à 19h dans les 2 salles de restauration.
Au refuge de la Lavey, il n’y a pas de douches, mais un beau torrent de montagne : eau froide à volonté, remous assurés !
Devant le bâtiment, une belle terrasse vous permettra d’apprécier la vue sur les montagnes et de passer un moment agréable en extérieur.
Que proposez-vous en restauration?
Les citrons bio de Sicile sont confits dans le sel par nos soins durant le printemps. Nous en confectionnons une sauce gouteuse et épicée au curcuma, coriandre, muscade, piment… Nous faisons ensuite mijoter l’agneau dans sa sauce pendant 2 heures. Ce plat est servi avec des légumes finement coupés en julienne. L’ensemble est accompagné d’un féculent.






Avez-vous des indications sur l’histoire du bâtiment ?
L’ensemble des bâtiments correspondait à un petit hameau d’alpage où les éleveurs du coin effectuaient l’estive. Il pouvait accueillir jusqu’à 19 personnes en haute saison. Plusieurs maisons de ce hameau se sont effondrées il y a longtemps, mais il reste des traces de leur emplacement. Ce hameau est le témoin d’une vie paysanne montagnarde, où les familles y élevaient quelques bêtes et y cultivaient un lopin de terre.Le pastoralisme y est toujours vivant aujourd’hui, avec deux bergers et leurs cabanes fraichement rénovées.
Le bâtiment a été racheté en 1949 par le Club Alpin à la famille de Gaston Puissant, qui fut aussi le premier gardien du refuge de la Lavey, pendant 40 ans !
Plusieurs travaux de rénovation ont été effectués ces dernières années, en attendant une rénovation de grande ampleur dans les années à venir.






Comment s’organise la gestion de l’énergie et des déchets au refuge ?
L’approvisionnement en énergie au refuge est réalisé par les panneaux photovoltaïques, les chauffe-eaux solaires, et un groupe électrogène d’appoint. L’économie d’énergie est à intégrer pleinement dans la vie au refuge !
L’eau est aussi à économiser, puisque le captage d’eau est assez fragile.
La gestion des déchets commence par la bonne gestion de l’emballage des denrées alimentaires. En ce sens, nous minimisons l’emballage des produits que nous montons au refuge. A titre d’exemple, la bière est vendue à la pression, et non en bouteilles, ce qui permet de réduire aussi la quantité de déchets verre produits. Par ailleurs, nous essayons de produire au maximum sur place (kéfir, eau gazeuse…).
Nous réalisons ensuite le tri sélectif et une partie des déchets part au compost.
Comme dans tous les refuges, nous demandons à nos clients de bien penser à descendre leurs propres déchets.
Enfin, nous essayons au maximum d’utiliser des produits d’entretien plus sains pour l’environnement (vinaigre blanc, savon de Marseille).






Quels sont les bons plans à proximité du refuge ?
Le lieu est très bucolique, il nous invite à flâner autour du magnifique torrent, à une petite baignade en eau fraîche ou à une partie de pêche. Certains épicuriens pourront cueillir à la belle saison quelques myrtilles et framboise dans les alentours.
La proximité avec le pastoralisme est intéressante. Vous pourrez rencontrer les bergers, observer les troupeaux sans crainte des patous puisqu’il n’y en a pas dans le vallon.
Plusieurs itinéraires faciles permettront aux familles de profiter des lacs de montagne : lac des Bèches, lac des Rouies, lac des Fétoules.
Tout au long de votre parcours vous pourrez observer cascades, glaciers d’altitude, faune des alpes – chamois, marmottes, renards – et flore du parc national des Ecrins. Pour plus d’information sur la flore du Parc cliquer ♦ ici ♦
Au refuge même nous avons installé une slackline, et nous mettons à disposition des jeux de société. Par ailleurs, juste à côté du refuge se trouve le site de bloc de la Lavey. Nous prêtons des crash pad, et mettons à disposition le topo (que vous trouverez également sur camptocamp).
Avez-vous des conseils à donner à vos visiteurs ?
Vous venez séjourner dans une maison collective, nous invitons à l’ouverture vers les autres, au partage d’une tablée et des espaces communs. C’est une occasion de vivre ensembles, le temps d’une soirée, d’un week-end.
Afin de minimiser les déchets, nous vous invitons à concevoir votre panier repas et vos vivres de course en conséquence, en minimisant les emballages. Par ailleurs, lorsque vous préparez votre sac, pensez au nécessaire (lampe frontale, boules quies), mais libérez-vous du superflu. Dans tous les cas vous ne trouverez pas le même confort qu’à la maison, nous vous proposons de vivre une autre expérience, peut-être plus rustique. Dans un souci de préservation de l’environnement, pour la toilette, nous vous encourageons à un lavage à l’eau claire, nous prêtons également du savon de Marseille. Vous pouvez aussi apporter votre propre savon bio.
Pensez également à partir de bonne heure pour monter au refuge et profiter au maximum de votre week-end en montagne. Une arrivée tôt au refuge nous permet aussi de vous réserver le meilleur accueil.
Par ailleurs, la randonnée en montagne n’est par réservée aux jours de grand beau. Parfois, une petite brune ou quelques nuages rajoutent une belle ambiance, et apportent des lumières différentes.
Enfin, n’hésitez pas à monter au refuge par les variantes, par le lac des Fétoules (dans ce cas pensez à partir tôt pour profiter du repas du midi au refuge) ou par le Souchey.
Quelles animations proposez-vous ?
Pour réserver
Période de gardiennage
De mi-mars à mi-avril pour le ski de printemps sur réservation.
En continu de mi-juin à mi-septembre.
Week-ends et pont de début avril à mi-juin et de mi-septembre à début octobre sur réservation.
Les activités praticables autour du refuge
Alpinisme
Escalade
Randonnée
Ski de randonnée
Ski alpinisme
Ce refuge fait partie du programme Refuges en famille
Pour en savoir plus,
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