La section montagne du lycée de Moûtiers a 20 ans !

Ce week-end, la section montagne du lycée de Moûtiers a fêté ses 20 ans dans les Bauges. Créée sous l'impulsion de Nicolas Raynaud, ancien membre de l'équipe fédérale et président durant deux olympiades, cette formation biqualifiante a depuis 2005 ouvert les horizons de plus de 500 élèves.

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Gourde, chaussures de marche, skis et sac-à-dos : voici un extrait de la liste de fournitures scolaires de la section montagne du lycée Ambroise Croizat, à Moûtiers. Cette formation biqualifiante, qui prépare au bac général, intègre au programme des activités de montagne afin de donner aux élèves un bagage facilitant leur accès aux métiers de la montagne. Elle a été imaginée au début des années 2000 par deux personnalités de la FFCAM, Cécile Chauvin et Nicolas Raynaud*, professeurs dans cet établissement. « Tout est parti d'un constat : le lycée accueille des élèves du pôle Espoir de la Fédération française de ski, dont certains se retrouvaient sur le carreau après leur parcours de compétiteur. Cela nous fendait le cœur de voir ces jeunes, qui avaient tout donné, sans voie de sortie », relate Nicolas Raynaud. Avec l'équipe éducative du lycée, ils lancent une section biqualifiante ski alpin, qui prépare au monitorat de ski*.« De là est venue l'idée de décliner cette filière pour les métiers de guides, d'accompagnateurs, de pisteurs, etc ., nécessaires pour accompagner le développement touristique des territoires. » Le professeur de mathématiques, membre du club alpin, venait de rentrer au Comité directeur. Après discussions avec l'équipe éducative, le proviseur du lycée, Patrick Boulet, et les acteurs du milieu professionnel de la montagne, dont Bruno Pellicier, président du Syndicat national des guides de montagne, la première classe de seconde section montagne voit le jour en septembre 2005 et Nicolas Raynaud en devient le coordonnateur. Une convention est signée avec la FFCAM pour la mise en œuvre du volet montagne.

Une formation atypique

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Contrairement à d'autres formations biqualifiantes du secondaire, cette section spécifique débouche sur un bac général et dépend du ministère de l'Éducation nationale.  « Pour former de bons professionnels de la montagne, il faut former de bons montagnards, mais nous observions que le niveau d'étude de ces montagnards aux tests d'entrée des formations visées était souvent supérieur au bac. Il fallait donc proposer un bac général, qui peut facilement donner accès à d'autres études, afin de répondre aux besoins d'ouverture de ces montagnards », explique Nicolas Raynaud. La scolarité se déroule donc en quatre ans, pour ajouter aux trois années d'enseignement général 37 semaines de stages en montagne. Réparties sur les quatre années, ces « immersions », comme le nomme le professeur, n'ont pas seulement comme cible l'assimilation des techniques de progression et de sécurité en terrain montagne, elles ont aussi vocation à transmettre une connaissance de ce milieu naturel, la faculté à fonctionner en groupe et de l'expérience :  en résumé une « culture montagne ». « Ce n'est pas une approche par les pratiques, mais une approche par le milieu, avec ses dimensions sociale et environnementale. Nous leur apprenons à lire la montagne, à l'observer et à la ressentir, car on fait de la montagne avec sa tête, ses sens et avec les autres, pas qu'avec ses muscles », note Nicolas Raynaud. En sus des cours de cartographie, nivologie, météorologie ou secourisme, des exercices de lecture de paysage et beaucoup d'orientation. Pour intégrer le cursus, des prérequis atypiques : « La montagne, ce n'est pas une discipline sportive, c'est autant de l'éducation à la citoyenneté, à l'environnement que du sport. Nous recherchons donc des potentiels, un état d'esprit. Les tests ne décèlent pas un niveau de performance, mais une aisance, une sensibilité au milieu montagnard. »

Vers de larges horizons

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Plus de 500 élèves sont déjà sortis des rangs de cette section. La moitié d'entre eux devenus professionnels de la montagne : guide, accompagnateur, pisteurs… Chaque année, un vingtaine réussit un test d'entrée dans une de ces formations, et 10 à 15 décrochent un de ces diplômes. La section affiche 100% de réussite au bac général, avec un insolent taux de mentions de plus de 90%. Tous les élèves trouvent leur chemin au sein de Parcoursup : une partie s'orientent vers les filières sportives, scientifiques ou médicales, une autre se dirige vers l'agronomie et l'environnement, d'autres vers le tourisme ou encore vers les métiers de l'économie sociale et solidaire. « Mais avant tout, ils vivent et travaillent tous en montagne ! », souligne Nicolas Raynaud, pour qui « il ne se passe pas un jour de l'année » sans qu'il ait des nouvelles d'une ou d'un ancien élève de la section.

* Ouverte en 2002

Note 1: quelques personnalités issues de la section montagne : Annabelle Bouchardon, membre du GEAN 2021-2024 et monitrice d'escalade, Théo Claude, enquêteur de police et investi à la FFCAM, Pierrick Fine, membre du GEAN, guide et piolet d'Or, Jean Miczka, thésard et membre du Comité directeur de la FFCAM…

Note 2 : à la même période, Cécile Chauvin et Nicolas Raynaud* créaient les Écoles d'aventure et les Écoles d'escalade destinées aux enfants, allongeant la filière montagne de la fédération. La branche professionnalisante de la fédération s'est étoffée avec la création en 2023 du groupe féminin ENSA-FFCAM, visant à faciliter la réussite du test d'entrée à la formation du diplôme de guide, et le groupe SNAPEC-FFCAM en 2025, sa réplique pour le monitorat d'escalade.  

Photos de Nicolas Raynaud

Nicolas Raynaud avec ces élèves et anciens élèves à la Coupe du monde d'escalade sur glace 2025 de Champagny-en-Vanoise. 
(u centre en doudoune orange)

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